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Libérer les «petites bonnes»

Les petites filles marocaines ne pourront plus faire la «bonne» pour des employeurs peu scrupuleux, grâce à un nouveau projet de loi adopté par le gouvernement marocain le 12 octobre. Le texte vise à interdire les emplois domestiques pour les enfants de moins de quinze ans, en grande majorité des filles. Le site d’information Au fait Maroc rappelle que le débat sur le travail et la violence sur les enfants avait ressurgi en juillet dernier avec plusieurs faits divers, dont la mort de Khadija, 11 ans, après avoir subi les sévices corporels de son employeuse.

D’après le gouvernement, ce projet de loi qui doit encore être voté par le Parlement et promulgué:

«définit la nature du travail domestique, interdit le travail des mineurs de moins de 15 ans et garantit des mesures coercitives à l'encontre des contrevenants»

Les employeurs fautifs encourent une amende d’environ 2.500 euros, et s’ils récidivent, entre 1 et 3 mois de prison. Le texte réglemente aussi l’emploi des 15-18 ans, en les soumettant à «autorisation écrite des parents ou tuteurs, à l'exception de tout travail pénible».

Pour les associations de défense du droit des enfants, c’est une avancée réelle, mais il faut aller plus loin. D’après RFI, les associations réclament aussi des mesures de prévention et de sensibilisation via un numéro vert et des structures d’accueil. Elles souhaitent aussi des mesures pour contrôler ces employeurs. Interrogé par Au fait Maroc, le président de l’association «Bayti», Jaouad Chouaïb, confie ses réserves:

«Ce projet de loi a le mérite d'exister, il vaut mieux ce texte que rien du tout. Je reste toutefois réservé en ce qui concerne son application... Car, au Maroc, le gros problème des lois a toujours été leur mise en œuvre»

Une étude du Haut-Commissariat au Plan, présentée en juin dernier, révèle que le travail des enfants de 7 à 15 ans en général est en net recul. Il concernait plus de 147.000 personnes en 2010 contre 517.000 en 1999. Parmi elles, on compte entre 60.000 et 80.000 «petites bonnes», selon les associations.

Lu sur Au fait Maroc, RFI