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Cameroun - Pourquoi annuler le scrutin présidentiel?

L'élection présidentielle du Cameroun du 9 octobre n’a pas fini de faire parler d'elle. Sans attendre les résultats, prévus dans deux semaines, plusieurs candidats ont décidé de déposer un recours auprès de la Cour suprême. Ils dénoncent des fraudes et appellent à l’annulation du scrutin présidentiel, rapporte Cameroon Online. 

RFI s’est intéressée en détail aux candidats plaignants. Dix partis politiques camerounais ont constaté des irrégularités le jour de l’élection. Parmi les plaignants, on retrouve John Fru Ndi, leader du Social Democratic Front (SDF), et farouche opposant de Paul Biya. Joshua Osih, porte-parole du SDF, a déclaré que le parti était «favorable à l’annulation du scrutin». Selon lui, il «ne peut pas donner de légitimité au vainqueur, y compris le SDF qui reste en course».

La militante des droits de l’Homme Madeleine Afité a été témoin de plusieurs trucages. Elle raconte:

«J’ai vu un monsieur portant une carte (badge) Elecam (Election Cameroon, Commission électorale) (…) il donnait des lots (de cartes d’électeurs) aux enfants (qui) allaient émarger à la place d’électeurs et sans carte d’identité.»

Jean-Jacques Ekindi du Mouvement Progressiste, un des candidats, estime que Paul Biya a été «scandaleusement avantagé dans tous les domaines»:

«La corruption aux abords des bureaux de vote a été abondamment pratiquée (...) C'est essentiellement le RDPC [le parti de Paul Biya] qui proposait de l'argent aux électeurs.»

Adamou Ndam Njoya, Bernard Muna, Aniset Ekalé, et Edith Kahbang Wallah ont également deposé un recours auprès de la Cour suprême.

Bernard Muna, avocat de l’Alliance des forces progressistes (AFP) dénonce l'«achat des consciences des électeurs par les mandataires du candidat du RDPC», affirme Afreekelection.

Personnalité majeure de la vie politique camerounaise, Garga Haman Adji n’a pour sa part pas saisi la Cour suprême, estimant que l’institution est contrôlée par le pouvoir présidentiel. 

La population camerounaise reste éloignée de toutes ces considérations. Clarisse, commerçante de 29 ans à Douala, la capitale économique, témoigne:

 «Nous les Camerounais, on est pas trop concerné par le vote. De toutes façons, on sait bien que le président va gagner il n’y a rien qui change, donc nous on est tranquille».

Justin, chômeur de Douala, renchérit:

«Ici rien ne change, il n’est pas question que les gens aillent dans la rue (…) On sait que le président sera réélu et voilà, il y a la paix».

Lu sur Cameroon Online, Afreekelection, RFI