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Lors d'une marche pour l'égalité et contre le racisme, à Paris le 30 novembre 2013. REUTERS/Gonzalo Fuentes
Lors d'une marche pour l'égalité et contre le racisme, à Paris le 30 novembre 2013. REUTERS/Gonzalo Fuentes

Le prochain qui me fait une blague raciste, je lui fais bouffer ses pompes

Ou le ras-le-bol d'une métisse kabyle qui se voit renvoyer en permanence son identité à la figure.

Ça y est, à 27 piges, je crois que je commence enfin à arriver à saturation. Le-la prochain-e qui me fait une blague raciste, je pense que je lui fais bouffer ses pompes. Et ça s’adresse même à mes proches, aux gens que j’aime de tout mon cœur et qui —je le sais— ne pensent pas à mal, mais continuent à m’en faire quand même. Quitte à passer pour une casse-couilles, je vais arrêter de fermer ma gueule et de prendre sur moi –et ceux-celles qui ne se sentent pas capables de m’écouter et de me respecter pourront prendre la porte, ils-elles ne me manqueront pas.

Je suis métisse, à moitié kabyle, et ça fait 27 ans qu’on me renvoie très régulièrement mon identité à la gueule. Ça fait 27 ans qu’on en rit, qu’on se moque de mon prénom, de mon nom de famille, de l’accent et de la langue de mes grands-parents, de ma culture, et je ne peux plus le supporter. J’en ai chié pour assumer mes racines. Je galère encore, régulièrement. C’est un combat quotidien, surtout avec le climat actuel qui pue la merde et qui fait flipper. Je suis régulièrement mise dans une case, écartée, pointée du doigt pour ma «différence». Tout prétexte est bon pour me rappeler que je ne suis pas «comme vous». On fait des blagues avec des «vous autres» et des «chez vous» alors que je me considère des vôtres, et chez «vous».

Je suis des vôtres et je suis chez moi

Aujourd’hui, après une longue bataille, je peux enfin dire que je suis fière de ma culture et de mes racines. L’histoire de mon peuple, de ma famille, est riche et passionnante et fascinante. Je ne supporte plus de la voir réduite aux mêmes stéréotypes merdiques sans arrêt. Je suis enfin heureuse d’être celle que je suis, de porter le prénom que je porte, de porter cet héritage. Venez pas me chier dans les bottes pour une histoire d’humour et de liberté d’expression. Si vous voulez vraiment parler de ma culture, faisons-le, posez-moi des questions, écoutez-moi, soyez curieux, renseignez-vous. Mais si vous n’abordez le sujet de mes origines que pour en rire, pour faire des généralités et de l’humour «noir», c’est même plus la peine de venir m’adresser la parole.

Des réflexions, au premier comme au second degré, je m’en prends toutes les semaines dans la gueule. Souvent par des gens qui ne «pensent pas à mal». Des gens bien intentionnés, pas méchants, qu’on qualifierait de maladroits. Mais ça me gave, j’en peux plus, c’est insupportable d’être sans cesse ramenée à ma «condition», à ma «différence». L’humour n’est pas un prétexte, arrêtez avec vos blagues de merde, je vous en supplie.

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