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Un Algérien surfant sur Internet / REUTERS
Un Algérien surfant sur Internet / REUTERS

Il faut sauver les webmédias du monde arabe

Ils ont été en première ligne des printemps arabes, aujourd'hui leur pérennité est menacée.

Internet et les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans les bouleversements que connaît le monde arabe depuis ces dernières années. S’ils n’en sont pas partout le déclencheur, ils contribuent néanmoins à enraciner des transformations démocratiques et sociopolitiques dans chacun des pays de cette partie du monde.

Les médias en ligne sont devenus depuis la révolution tunisienne ou les fameuses manifestations de la place Tahrir en Egypte ou même encore depuis la guerre en Syrie, les témoins mais aussi de véritables acteurs de profonds changements. Ils ont contribué à faire naître une conscience citoyenne libre, grâce justement aux facilités et à la liberté qu’offre Internet.

Pourtant, plus l’expression se libère à travers les réseaux sociaux, plus le numérique modifie la production et la diffusion de l’information, et plus certains gouvernements dans le monde arabe durcissent leur législation et imposent des contraintes visant à restreindre cette liberté d’expression.

«Nous avons assisté au cours des dernières années à  la démocratisation des médias, avec les médias sociaux et les réseaux panarabes, amplifiant la voix des citoyens ordinaires. Tout le monde ou presque a aujourd’hui accès à la publication d’informations et peut raconter ses propres histoires. Pendant les événements de la place Tahrir, un espoir est né. Mais depuis, on observe une tendance à vouloir encadrer la liberté de parole des médias numériques et de ceux qui les utilisent», fait savoir le journaliste égyptien Ahmed Shihab-Eldin pour évoquer l’immense recul que connaît l’Egypte en matière de liberté d’expression, depuis la révolution qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir en 2011.

C’est aussi le cas en Algérie où de nombreux médias ont subi des tracasseries et des journalistes été arrêtés pendant la dernière élection présidentielle qui a vu la reconduction d’Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat.

Dans ce contexte, de quelles marges de manœuvre disposent les médias en ligne dans le monde arabe pour continuer d’exister? Quelles sont les tentatives des journalistes et de la société civile pour faire en sorte que le numérique demeure un acquis démocratique? Ces questions ont réuni 200 blogueurs, journalistes et entrepreneurs de médias, du 17 au 19 octobre à Beyrouth au Liban, dans le cadre du Forum 4M organisé par CFI, l’agence française de coopération médias, et la fondation libanaise Samir Kassir pour la protection des journalistes.

«Les conséquences de la révolution du Web sont équivalentes à celles qu’avait déjà provoquées l’imprimerie», souligne Benoît Thieulin, fondateur de l’agence La Netscouade et président du Conseil national français du numérique. Mais cela ne constitue en rien une menace pour le métier de journaliste. Car, précisément parce que tout le monde peut produire et diffuser des contenus, les journalistes n’ont jamais été autant indispensables pour trier, vérifier, décrypter et analyser. Mais cela suppose pour les médias en ligne de trouver des ressources et un modèle économique pérennes.

C’est tout le sens du projet Digital News porté par Syed Karim afin d’aider des structures naissantes à sortir de la fragilité économique à laquelle sont confrontés les médias dans le monde arabe (et ailleurs). Il s’agit d’un enjeu capital quand on sait que 132 millions de personnes dans 22 pays arabes utilisent Internet (et parmi eux 71 millions utilisent les réseaux sociaux). C’est dire le degré de besoins, préoccupations et d’urgences. Pour être plus solides et mieux intégrés dans leur environnement et offrir une information fiable et diversifiée, les médias en ligne doivent redoubler d’imagination, spécifiquement dans le contexte tourmenté du monde arabe.

Raoul Mbog

Raoul Mbog

Raoul Mbog est journaliste à Slate Afrique. Il s'intéresse principalement aux thématiques liées aux mutations sociales et culturelles et aux questions d'identité et de genre en Afrique.

 

 

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