mis à jour le
Le sculpteur qui déboulonne le président Wade
Ousmane Sow, grand artiste-sculpteur sénégalais, aurait pu faire un buste à l'effigie d'Abdoulaye Wade, le président de la République du Sénégal. Mais dans une interview accordée au quotidien dakarois Le Populaire, l’artiste de renommée internationale dresse un portrait sans complaisance du vieux chef de l’Etat.
Ousmane Sow, 76 ans, estime que l’image du Sénégal s’est ternie sous le régime de Wade.
«Senghor et Diouf font partie de ceux qui ont fait qu’on respecte le Sénégal.», a-t-il indiqué. En revanche, il s'indigne du fait que, «l’image du Sénégal d’Abdoulaye Wade, est quelque chose de terrible. Les gens se moquent de nous».
Au regard de la situation politique, économique et sociale, le sculpteur juge que le Sénégal est devenu un pays orphelin, à cause de la mauvaise posture du président aussi bien dans son pays qu’à l’aune des grands rendez-vous internationaux.
«Le Sénégal, aujourd’hui, est un pays sans chef d’Etat. Celui qui est là ne représente rien. C’est vrai qu’il y a des infrastructures, mais ce n’est pas seulement cela. On a besoin de respect, on a besoin quand on dort le soir, de nous dire qu’il y a quelqu’un qui nous représente bien.»
Ousmane Sow qui revendique la paternité du monument de la Renaissance africaine qui surplombe Dakar, reproche à Abdoulaye Wade son manque de modération.
«Abdoulaye Wade, c’est quelqu’un qui est trop excessif et qui est trop près de lui-même. Il y a des choses qu’un chef d’Etat ne peut pas dire et ne peut pas faire. Je pense aux mallettes qu’il distribue. Il y a des choses qu’une personne normalement constituée, intellectuellement je veux dire, ne fait pas, ne serait-ce que par décence», argue-t-il.
L’artiste ne prend pas de gants et reste intransigeant sur la candidature de Wade. A l’en croire, le président du Sénégal, «n’est qu’une parenthèse qui va bientôt se refermer».
«Je ne suis pas juriste, mais je sais quand même compter jusqu’à deux. Il a vécu deux mandats et la Constitution ne lui permet pas de se présenter une troisième fois, il n’a qu’à se retirer».
Lu sur Le Populaire