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Robert Bourgi mal informé sur les «biens mal acquis»?

L’avocat franco-libanais Robert Bourgi, conseiller officieux de l’Elysée pour l'Afrique a été entendu le 6 octobre dernier par la justice française dans le cadre de l’affaire dite des «biens mal acquis» en France par des présidents africains. Il y a peu, dans une interview accordée au Journal du Dimanche (JDD), Bourgi accusait l’ancien président français, Jacques Chirac, et son Premier ministre de l'époque, Dominique de Villepin d’avoir reçus des fonds occultes de chefs d’Etat africains. Jean Marie Le Pen, ex-dirigeant du Front national avait aussi été mis en cause.

Aux juges français qui l'ont auditionné, Robert Bourgi a déclaré qu’il ne connaissait rien à cette affaire et avait tout appris «par la presse», rapporte RFI.

Cette audition avait été demandée par l’ONG de lutte contre la corruption Transparency International, qui s’est portée partie civile dans cette affaire afin de faire toute la lumière sur ces acquisitions illicites. William Bourdon, avocat de l’ONG a déclaré à l'issue de l’audition que la position de l’avocat était «peu crédible».

Le but de cette audition était de demander à Robert Bourgi si des hommes politiques français n'avaient pas pu protéger les dirigeants africains concernés, s'ils n'avaient pas pu les laisser acquérir en France des maisons, des voitures, des œuvres d'art, avec de l'argent public détourné, et cela en échange de financements destinés à leur parti, ou à leur campagne électorale.

Robert Bourgi accusait certains chefs d’Etats, en l’occurrence, le Congolais Denis Sassou-Nguesso, l’Equato-guinéen Téodoro Obiang Nguéma et le Gabonais Omar Bongo, aujourd’hui décédé, de détournements de fonds publics. Il déclarait avoir été le chargé de transferts d’argent entre plusieurs chefs d’Etat africains (dont Abdoulaye Wade, président du Sénégal, qu’il a par la suite blanchi au cours de l’audition de la brigade financière) et l’Elysée sous la présidence de Chirac. Selon lui, plusieurs dizaines de millions d'euros avaient servi à financer la campagne électorale du président français.  

«J’étais le porteur de valises de Chirac puis Villepin,» avait-il dit, affirmant avoir «vu Chirac et Villepin compter les billets».

Une déclaration que Robert Bourgi confirmera plus tard sur RTL et sur Europe1

«Je remettais l’argent, de 1995 jusqu’en 2005, et je disais aux destinataires, soit au président de la République, M. Chirac, soit à M. de Villepin, il y a trois, quatre, cinq millions de dollars... Ce que devenait cet argent, je l’ignore. De trace, il n’y en a pas.»

Lu sur RFI