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Le blogueur martyr du régime militaire post-Moubarak
Maikel Nabil entame sa 45e journée de grève de la faim. Activiste et blogueur égyptien, il a été arrêté en mars dernier au Caire et condamné par un tribunal militaire à trois ans de prison en Egypte. Maikel venait de publier un article critique à l'égard de l'armée égyptienne. Dans une vidéo postée sur le site Al-Ahram Online, son frère, Mark Nabil, raconte:
«La dernière fois que j’ai vu Maikel, c’était le 1er octobre, le jour de son 26e anniversaire. Nous sommes allés le visiter en prison. Maikel était très fatigué et amaigri. Il pesait 60kg lors de son arrestation. Il en pèse aujourd’hui 47kg et perd presque 1kg par jour. Maikel n’arrivait pas à bouger, à tenir debout. Mon frère a pris part à la révolution depuis le 25 janvier [début des manifestations anti Moubarak] jusqu’à son arrestation. Il a enquêté sur les violences perpétrées par l’armée égyptienne dès le 28 janvier. Puis il les a dévoilé dans un article intitulé «L'armée et le peuple ne seront jamais une seule main».
Arrêté devant le tribunal militaire, le jeune activiste a commencé sa grève de la faim le 23 août.
«C'est inacceptable, après la révolution, d'avoir un martyr comme Khaled Saïd», confie Mark Nabil excédé par cette situation, plus de sept mois après le départ du président Hosni Moubarak.
Khaled Saïd, un jeune égyptien de 28 ans, avait été le symbole de la répression policière sous l’ère Moubarak. Il avait été arrêté dans un cyber café d’Alexandrie et tabassé à mort par deux policiers en pleine rue. Khaled Saïd avait diffusé sur Internet une vidéo montrant deux policiers se partageant de la drogue après un coup de filet.
Mark Nabil ne veut pas que son frère Maikel soit un deuxième Khaled Saïd: «Nous avons demandé justice et liberté et nous n’avons ni liberté, ni justice, ni société civile», déplore Mark.
«Est ce que la justice, c’est être jugé par des tribunaux militaires? (…) Et la société civile, c’est avoir un Conseil suprême des Forces armées (CSFA) qui avait initialement déclaré qu’il serait au pouvoir six mois. Mais sept mois après, ce conseil militaire est toujours là et nous annonce des élections en… 2013.»
De toute évidence, pour Mark Nabil comme pour son frère Maikel emprisonné, la révolution reste à faire en Egypte.
Vu sur Al-Ahram Online