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Algérie - Le mythe de Sisyphe à Tizi Ouzou
En Algérie, la wilaya (préfecture) de Tizi Ouzou, une région de Kabilye, au nord du pays, affiche une triste statistique. D’après la direction régionale de la protection civile, 346 personnes ont mis fin à leurs jours entre 2005 et 2011 dans cette seule circonscription territoriale située à l'est d'Alger, la capitale algérienne. Un journaliste algérien du quotidien El-Watan revient sur cet acte non fortuit qu’est le suicide et tente de décrypter les ressorts de ce phénomène qui concernent des personnes âgées de 11 à 70 ans.
Ceux qui mettent fin à leurs jours seraient avant tout des adultes, ayant plus ou moins des difficultés liées à leur origine sociale. Egalement en difficulté, les universitaires algériens ne sont pas épargnés par ce fléau. «Il y a quelques semaines, une étudiante du département de français de l’université Mouloud Mammeri, originaire de la commune d’Iflissen, s’est donné la mort par pendaison», rappelle le journal.
Toutefois, au regard des enquêtes effectuées, ce sont majoritairement des hommes, célibataires et qui ont arrêté leur scolarité en primaire, qui se suicident. Sur les 346 cas enregistrés depuis 2005 dans la wilaya de Tizi Ouzou, 287 sont de sexe masculin.
«Ce sont les hommes qui se suicident le plus. Les femmes, au contraire, font beaucoup plus des tentatives de suicide», a précisé le professeur Abbes Ziri, le directeur du Centre Hospitalier et Universitaire (CHU) de Tizi Ouzou.
Tizi Ouzou n’est pas un cas isolé en Algérie, bien que le suicide bénéficie d’une plus grande médiatisation dans ce Wilaya. Le fléau est national, à l’instar des difficultés socio-économiques et des problèmes structurels de l’enseignement supérieur en Algérie. Le directeur du CHU nuance toutefois la portée de ces chiffres en rappelant que le phénomène des suicides «existe dans le monde entier depuis l’Antiquité».
Mais parler de ce fléau est aussi une manière de rappeler le devoir de prise en charge par la société. Chaque citoyen, les soignants et les pouvoirs publics ont leur part de responsabilité dans la prévention. En amont, c’est avant tout la famille qui a un rôle central dans la détection d'un malaise ou d'un comportement dépressif.
Malgré ces tentatives d'explication, le suicide reste encore un mystère. Et le professeur Ziri, de conclure: «on doit travailler davantage pour connaître le phénomène».
Lu sur El-Watan