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Au Nigeria, Shell met le feu aux poudres

Le groupe pétrolier Shell a-t-il les mains sales au Nigeria? La major anglo-hollandaise est aujourd'hui accusée d'avoir attisé la violence au Nigeria, grand pays producteur de pétrole. C'est Platform, une ONG britannique travaillant pour la justice sociale et l'écologie, qui vient de publier un rapport accablant sur l'attitude de Shell dans la région pétrolière du delta du Niger.

Selon Platform, la compagnie a payé des centaines de milliers de dollars des groupes de militants pour entretenir un conflit armé, rapporte le Guardian de Londres.

Dans l’enquête, à laquelle ont participé des responsables de Shell, on apprend également que des forces du gouvernement engagées par Shell ont commises des exactions sur les populations civiles, allant de la torture aux exécutions arbitraires.

Platform a en sa possession des témoignages et des contrats qui impliquent Shell. L’année dernière, le groupe pétrolier a donné 119.000 euros à un groupe qui, selon toute vraisemblance, est lié aux violences.

Chukwu Azikwe, membre d’un gang, s’est confié à l'ONG:

«On nous donnait de l’argent qui servaient à acheter des munitions et des balles et tout ce qui peut alimenter une guerre.»

Azikwe a également déclaré que son gang a vandalisé des oléoducs de Shell.

Entre 2005 et 2008, environ 60 personnes ont été tuées dans ces violences. Parmi les victimes, il y avait des femmes et des enfants.

Platform affirme que le conflit a provoqué de l’instabilité dans la région. Les villageois déplacés ont été pourchassés à Port Harcourt, capitale de l’Etat de Rivers, au coeur de la région pétrolière. Certains ont été tués dans leur maison, leur école ou sur leur lieu de travail.

Platform a également interrogé des anciens membres de gangs. Ces derniers déclarent que Shell a attisé les tensions en finançant les factions ennemies. Ces allégations sont appuyées par plusieurs témoignages.

Matthew Chizi, représentant de la jeunesse locale, condamne les actions de la compagnie pétrolière:

«Shell ne s’est jamais préoccupé des gens qui mouraient. Elle n’a jamais rien fait pour appeler à un rétablissement de l’ordre. Au contraire, elle a fait appel aux forces militaires pour intimider la communauté.»

Le 26 septembre, Shell décidait de suspendre sa production quotidienne de 25.000 barils de brut en raison d’actes de vandalisme.

Lu sur Guardian, AFP