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RDC: viens chez moi, j'habite dans un cimetière
"En novembre, les policiers sont venus détruire les maisons, ils m'ont pris des affaires. Ils ont cassé, sans offrir une solution à la place. J'ai reconstruit ma maison, mais je n'ai pas eu le courage de reconstruire sur mes autres terrains", explique-t-elle.
"Ca fait peur de dormir près des tombes... Mais on n'avait plus de maison", confie Bibiche, 23 ans, qui vit depuis deux ans à Kinsuka. "Le cimetière, ce n'est pas bien, on n'a pas de courant".
D'autres disent avoir de la lumière et payer une "facture" à la Société nationale d'électricité (Snel).
- "Ca sent le cadavre" -
Pour Pius Ngoie, conseiller au ministère de l'Urbanisme, l'"installation sauvage" dans les cimetières est la faute de "fonctionnaires de l'Etat (...) tout à fait irresponsables" qui vendent des parcelles "de façon frauduleuse".
Et dangereuse: il faut cinquante ans après le dernier enterrement pour que le cimetière soit considéré comme désaffecté.
"Parfois, les gens voient des sources d'eau, mais quand vous sentez, ça sent le cadavre", commente le Dr Benjamin Mavard Kwengani, directeur de l'hygiène au ministère de la Santé.
"Nous n'avons aucune étude, mais il survient des phénomènes anormaux dans les communautés: des diarrhées et des malformations que l'on ne sait pas expliquer"
Le modeste centre de santé dit de "médecine naturelle" du cimetière n'a pas constaté de problème.
Mais pour Peter, un maçon dont le père et le grand-père sont enterrés à Kinsuka, tout cela risque de mal finir. "Un jour, un tracteur (de l'Etat) va venir arracher leurs maisons, et ils vont tout perdre."
L'histoire lui a donné raison: quelques jours plus tard, des militaires sont venus détruire certaines des maisons construites sur les vestiges des demeures de défunts. Certains habitants sont partis, d'autres sont restés.