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Gbagbo, roi du dancefloor

La crise ivoirienne s’enlise: elle demeure figée dans le repli des deux prétendants à la présidence, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo.

Une délégation mandatée par l’Union africaine (UA) est attendue dès le 21 février en Côte d’Ivoire pour trouver une issue à cette crise. Présidée par le chef d’Etat mauritanien Mohamed Ould Abdel-Aziz, la délégation rassemble  Blaise Compaoré (Burkina-Faso),Jacob Zuma (Afrique du Sud), Idriss Deby (Tchad) et Jakaya Kikwete (Tanzanie).

«Un panel qui aura bien du mal à remplir sa mission», selon le blog Posts Afrique (Libération.fr), sachant que «chacun des deux camps ivoiriens a tenté de tirer la couverture à soi». Car si «Compaoré est l’un des plus fidèles soutiens de Ouattara […] Jacob Zuma est un allié discret mais efficace de Laurent Gbagbo».  

Jacob Zuma et Laurent Ggbagbo ont beaucoup d’affinités. Ils partagent entre autres le goût de la danse. Un véritable pilier culturel chez les Zoulous (ethnie de Zuma) comme chez les Bétés —celle de Gbagbo. A maintes reprises, les deux hommes ont démontré en public leurs talents de danseur.

La danse est une «arme politique» dans beaucoup de pays du continent. En Afrique du Sud par exemple, c’est un atout de taille pour séduire l’électorat. Nelson Mandela lui-même n’hésitait pas à esquisser quelques pas de danse avant d’entamer ses meetings. Zuma, paré de ses vêtements traditionnels zoulous, ne manque pas une occasion de prouver qu'il est un danseur hors-pair, dans des soirées ou lors de ses (nombreux) mariages.

Zuma fête sa victoire à l'élection présidentielle de 2009.

En avril 2008, Laurent Gbagbo avait organisé une sortie en boîte de nuit avec Jack Lang et d’autres amis socialistes pour une soirée coupé-décalé.

Plus récemment, il s’est illustré avec une chorégraphie traditionnelle lors de sa campagne présidentielle en 2010.

Laurent Gbagbo, lors d'une réunion de son parti le 30 octobre 2010, pendant la campagne présidentielle.

Laurent Gbagbo danse en compagnie de milliers de femmes venues le soutenir le 11 septembre 2010.

Mais le «boulanger d’Abidjan» (surnommé ainsi pour sa capacité à rouler ses adversaires politiques dans la farine) n’est pas le seul à manier «l’arme» de la danse à des fins politiques. Au pays du coupé-décalé, ses adversaires en font de même.

Depuis le 7 février 2011, des centaines de femmes viennent manifester devant la résidence privée de feu l'ex-président ivoirien Félix Houphouët-Boigny à Yamoussoukro, la capitale ivoirienne, «contre l’occupation illégale et la profanation des lieux par Laurent Gbagbo et ses militaires».

Selon le journal ivoirien Le Mandat, parmi ces femmes certaines pratiquent l’Adjanou, «véritable danse mystique d’exorcisme» de l’ethnie Baoulé, afin de pousser Gbagbo à quitter le pouvoir. En Côte d’Ivoire, rappelle Le Mandat, on considère que «la force et la puissance spirituelles appartiennent à la femme».

Lorsqu'elles dansent l’Adjanou, ces femmes sont entièrement nues et aucun homme ne peut les regarder «au risque d’attirer sur lui les malédictions allant jusqu’à lui coûter la vie!». Reste à savoir s’il suffira d’une danse —aussi élaborée soit-elle— pour pousser Gbagbo vers la sortie.

Lu sur Posts Afrique, Le Mandat