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Vidéo de Serge Lazarevic: Aqmi est peut-être à bout de souffle
L'appel à la négociation d'Aqmi, par la voix de Serge Lazarevic, ressemble bien à un chant du cygne.
Cela faisait un peu plus de deux ans qu’on n’avait pas eu de nouvelles de lui. Serge Lazarevic, le dernier otage français dans le monde, est apparu dans une vidéo le 3 juin. Dans ce document diffusé sur la chaîne qatarie Akhbar Alaan, on peut voir l’otage français coiffé d’un turban noir et la barbe épaisse, entouré de deux hommes eux-mêmes enturbannés.
En moins de trente secondes, la voix un peu enrouée, Serge Lazarevic retenu depuis novembre 2011 par Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique) appelle le président français à agir pour obtenir sa libération.
«Je saisis cette occasion qui m’a été offerte aujourd’hui, mardi 13 mai, pour adresser ce message au président de la République française, François Hollande, de tout faire pour négocier ma libération.»
En clair, il s’agit d’un appel à négocier, vraisemblablement dicté par ses ravisseurs. Les autorités françaises ont fait savoir que la vidéo était en cours de vérification. Pourtant, aussi troublante soit-elle, cette vidéo rassure sur le fait que l’otage est en vie. Diane Lazarevic, la fille de l’otage exprimait d’ailleurs dans la matinée du 4 juin, dans les médias français, sa joie de savoir son père «en forme».
Pour autant, estime le site burkinabè Le Pays, il est important de noter que le moment choisi par Aqmi pour diffuser cette vidéo n’a rien de fortuit. En effet, cela intervient quelque temps après la libération de trois religieux (deux Italiens et une Canadienne) au Cameroun et de quatre otages français détenus en Syrie.
«En publiant cette vidéo, Aqmi entend mettre la pression sur les autorités hexagonales, notamment le président Hollande dont la cote de popularité est au plus bas. En tout cas, Paris n’a pas intérêt à ce que Serge Lazarevic soit envoyé ad patres par ses ravisseurs comme ce fut le cas de Philippe Verdon, son codétenu», peut-on lire sur Le Pays.
Son confrère de Ouagadougou, Fasozine, n’y voit pour sa part qu’une pitoyable mise en scène et se demande si cela n’est pas le signe que les preneurs d’otages dans la bande saharo-sahélienne sont simplement à bout de souffle.
«Ces groupes terroristes désormais marginalisés, voire isolés par la présence permanente des soldats français dans la zone peuvent être tentés de monnayer les derniers otages qu’ils détiennent. Mais ils ne mettent pas moins l’Elysée dans un dilemme qui consisterait à «négocier» ou à voir périr un autre Français.»
Serge Lazarevic avait été enlevé le 24 novembre 2011 à Hombori (Nord-Mali) en compagnie d'un autre Français, Philippe Verdon, alors qu'ils étaient en voyage d'affaires dans la région, selon leurs familles. Aqmi avait considéré qu'il s'agissait d'espions français. Et, en mars 2013, le groupe djihadiste annonçait avoir exécuté Philippe Verdon, en représailles à l'intervention militaire française au Mali.
Raoul Mbog