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Au Maroc, l’égalité homme/femme n'est pas pour demain

Malgré la volonté affichée du gouvernement de faire évoluer les mentalités, la place de la femme dans la société marocaine est encore très peu reconnue. Dans un article du 29 septembre, le journal marocain Libération décrypte en effet le rapport du Haut commissariat au plan, issu d’une enquête menée entre juin 2009 et janvier 2010 auprès de 8.300 femmes âgées de 18 à 65 ans. Et les chiffres évoqués sont peu flatteurs pour le statut de la femme dans le pays.

Ainsi, on apprend que 13% de ces femmes ne sont pas libres de s’habiller selon leur choix, et que 8% sont obligées de porter le voile. Dans une société où le niqab n'est pas chose fréquente, elles sont 22% à devoir l’enlever. Tous les faits et gestes des femmes sont également très contrôlées: 13,5% ont l’interdiction de quitter le foyer; 13,6% ne peuvent pas consulter un médecin de sexe masculin; 27% doivent cesser de travailler. Enfin, 27% des femmes n’ont pas le droit de rendre visite à leurs parents.

Elles vivent généralement dans des milieux urbains, au sein de familles pauvres. Au Maroc, la société repose sur un modèle patriarcal où la femme n'a pas vraiment son mot à dire. Les chiffres du sondage ne font donc pas mentir cette réputation.

Pourtant, le royaume a déjà concédé plusieurs efforts pour améliorer le statut des Marocaines. En 1999, lors son accession au trône, Mohammed VI a eu une pensée pour les femmes:

«Comment assurer progrès et prospérité à une société alors que les femmes, qui en constituent la moitié, voient leurs droits bafoués et pâtissent d’injustice, de violence et de marginalisation, au mépris du droit à la dignité et à l’équité que leur confère notre sainte religion?»

Instauré en 2003, le code de la famille a permis de faire évoluer les mentalités. Depuis lors, la famille est placée sous la responsabilité conjointe des deux époux. Les femmes ont obtenu plus de libertés.

«La jeune fille majeure n’a plus besoin de tuteur pour se marier, les enfants de la fille ont le droit d’hériter de leur grand-père comme ceux du fils, l’âge légal du mariage est de 18 ans que ce soit pour le garçon ou pour la fille, la répudiation et la polygamie sont soumises à des conditions sévères, le divorce consensuel est institué.»

Dans le milieu du travail, la situation a également évolué. Les femmes ont davantage accès à des postes à responsabilités. En revanche, leur salaire a diminué.

Au-delà des frontières du Maroc, les femmes doivent aussi se battre. En 2008, en Algérie, 38% des hommes s'opposaient au travail des femmes. En Egypte, la situation est également compliquée. Dans les villages, 66% des filles seraient analphabètes. Si le gouvernement marocain a pris en le main le problème de l'analphabétisme, l'égalité homme/femme est encore loin.

Lu sur Libération