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Louer des terres pour combattre la famine

La crise de 2007 n’a épargné personne, et les pays les plus dépendants du cours des denrées alimentaires (principalement les pays en développement) ont été les plus durement touchés.

Un reportage du Christian Science Monitor nous emmène en Zambie, une ancienne colonie britannique d’Afrique australe, où le gouvernement soutient des projets visant à sécuriser les prix des denrées de première nécessité.

La Chobe Agrivision, un exploitant local, a développé la location des terres arables pour la culture du blé, du soja et du maïs. Dans des régions traditionnellement convoitées pour leurs ressources minières, place est faite à la valorisation des champs céréaliers. Neil Crowder, cofondateur de Chayton Capital, une société d’investissement londonienn, souligne:

«L’Afrique importe des denrées alimentaires alors qu’elle dispose de vastes étendues de terres fertiles […] Malheureusement, certains des pays les plus pauvres du monde sont ceux qui paient le plus cher pour se nourrir.»

Soutenue par la Banque mondiale, Chayton Capital s'est associée à Chobe Agrivision pour louer 10.000 hectares de terres arables zambiennes. Crowder rappelle que ces investissements permettent la «mise en place d’un modèle d’approvisionnement du pays et de ses voisins en denrées de subsistance comme le maïs, le blé et le soja».

Bradford Machila, ministre du Développement de l’élevage et la pêche en Zambie, soutient cette initiative, car avec une «population comprise entre 12 et 15 millions d’habitants, (il y a) entre 30 et 45 millions d’hectares de terre arable, dont la grande majorité n'est pas exploitée».

Les conséquences de la crise alimentaire ne sont pas les mêmes partout. En 2007, si l’Europe peinait à remplir le panier de la ménagère, dans certaines régions d’Afrique des familles ne mangeaient rien des semaines durant, comme le rappelle un article du Guardian:

«(Il y a 3 ans) les habitants du village de Gumbi, dans l’ouest du Malawi, ont eu terriblement faim. Pas comme les Européens quand ils sautent un repas ou deux; mais cette faim obsédante qui empêche de dormir et brouille les sens quand il n’y a rien à manger pendant des semaines».

Depuis 2007, les Nations unies estiment que 75 millions de personnes supplémentaires souffrent de malnutrition.

Certains économistes accusent la spéculation sur les marchés d'être la cause principale de l’envolée des prix des denrées alimentaires. Depuis le milieu des années 90, l’importance accordée au cours des ce dernières a créé une dérive spéculative sans précédent. A la différence près que miser sur les cours du sucre, des fruits, ou de la viande n’a pas les mêmes conséquences qu’avec le marché du pétrole, de l’or et du métal.

Pour le Guardian, les traders «profitent des dérégulations du marché pour gagner des milliards en spéculant sur la nourriture, sans se soucier de l’augmentation de la misère dans le monde».

Robert Zoellick, le président de la Banque Mondiale, estime qu'il faut davantage investir «dans l’agriculture alimentaire que dans les bio-carburants, et développer des programmes d’adaptation climatiques».

Lu sur the Christian Science Monitor, le Guardian