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Mauritanie - Le recensement fait exploser les tensions raciales
En Mauritanie, le recensement national, qui a débuté en mai 2011, ne plaît pas à tout le monde. Depuis quelques mois déjà, les Négro-Mauritaniens manifestent en effet contre cette opération qu’ils estiment discriminatoire et raciste.
Les Observateurs de France 24 expliquent que le recensement s'organise autour d'un système biométrique d'identification des citoyens, qui utilise leurs caractères physiques. L'objectif du gouvernement est de lutter contre la fraude et l'immigration clandestine.
Déjà minoritaires dans un pays où les maures (arabophones) constituent la population dominante, les noirs de Mauritanie craignent ainsi d'être discriminés par ce recensement.
Certaines des questions adressées aux Négro-Mauritaniens dans le formulaire qui l'accompagne sont également tendancieuses. Yacouba Diakhité, étudiant, estime que «pour les noirs, garder sa nationalité est quasiment devenu un concours». A noter qu'au sein du conseil qui supervise le recensement, on compte un seul Négro-Mauritanien.
Le 24 septembre, la situation s’est particulièrement tendue dans la ville de Kaédi, et le 27, Lamine Mangane, un jeune homme de 19 ans, a perdu la vie à Maghama.
RFI indiquait le 29 septembre que la tension est toujours à son comble dans la ville, contrairement à Kaédi, où tout est revenu à la normale. Les manifestants réclament que les gendarmes qui ont tiré sur Lamine Mangane soient sanctionnés. Le père d’une fillette touchée par balle à la hanche a exprimé sa colère au micro de RFI:
«Je suis en colère, les jeunes sont en colère. Ces hommes doivent être jugés et punis si on veut que le calme revienne.»
Le site Afreekelection rapporte que de nombreuses ONG ont fermement condamné la «répression violente» des manifestations. Dans un communiqué reçu à Dakar, la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) et l'Association mauritanienne des droits de l'homme (AMDH) se dont déclarées «profondément préoccupées par les affrontements violents survenus en Mauritanie entre forces de l'ordre et manifestants», entre le 24 et le 27 septembre à Kaédi et Maghama.
La présidente de la FIDH, Souhayr Belhassen, a tenu personnellement à dénoncer ces violences:
«La répression violente de manifestations pacifiques n'est pas la réponse que l'on peut attendre d'un Etat de droit.»
Fatima Mbaye, présidente de l'AMDH, évoque «la persistance de discriminations en tous genres à l’encontre des populations noires».
L’enterrement de Lamine Mangane a également été perturbé par des heurts. Un représentant du collectif Touche pas à ma nationalité, au premier rang de la contestation, témoigne:
«Certains jeunes ont voulu s'en prendre aux forces de l'ordre qui encadraient le cortège funéraire. Ils ont vécu ça comme une provocation. L'imam a appelé à l'apaisement. Malgré cela, d'autres jeunes ont incendié la maison d'un particulier. Selon eux, il aurait appelé à tirer sur les manifestants.»
Malgré cette série de manifestations, le gouvernement compte poursuivre le recensement.
Lu sur RFI, Afreekelection, Les Observateurs de France 24