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Manifestation à Paris, 13 mai 2014 / REUTERS
Manifestation à Paris, 13 mai 2014 / REUTERS

#BringBackOurGirls: méfions-nous des bons sentiments

La mobilisation pour la libération des adolescentes nigérianes risque de se dissiper aussi rapidement qu'elle est apparue.

Plus de 200 jeunes filles sont toujours prisonnières du groupe terroriste nigérian Boko Haram, affaire qui a attiré l’attention du monde entier sur l’insurrection qui sévit dans la région depuis plusieurs années.

Cette semaine, à Gamboru Ngala, ville du nord du Nigeria, un groupe de militants appartenant probablement à Boko Haram a tué des centaines de personnes à la kalachnikov, au lance-roquettes et en mettant le feu à leurs maisons. Comme le remarque Adam Nossiter du New York Times, «les écolières disparues ont attiré l’attention du monde et mercredi, la Grande-Bretagne, la Chine et la France ont fait de nouvelles propositions d'aide au gouvernement nigérian. Or, l’attaque mortelle de Gamboru Ngala par Boko Haram ressemble fort à de nombreuses autres menées au cours de ces dernières années, qui n’ont pas ou peu été remarquées ailleurs qu’au Nigeria».

L’enlèvement des jeunes filles est une abomination sans précédent—qui apparemment met même al-Qaida mal à l'aise—mais dont on ne peut dire que le contexte ne s'y prêtait pas, et il n’est pas déraisonnable de se demander si le soudain intérêt de la part des médias sociaux et traditionnels a une quelconque utilité.

Zeynep Tufekci verbalise le sentiment de malaise qui touche un grand nombre de gens suite à la rapide diffusion de la campagne #BringBackOurGirls sur les médias sociaux hors des frontières du Nigeria. Au-delà de ce phénomène particulier, elle se demande si «l’attention» et «la prise de conscience» sont en soi des facteurs souhaitables en cas de crise humanitaire. Voici ce qu’elle écrit:

«Je me méfie car l’attention, comme le dit le proverbe turc au sujet de l’alcool, ne reste pas hors de la bouteille aussi tranquille, sereine et paisible qu’elle en avait l’air à l’intérieur. Une fois lâchée, l’attention déploie ses propres ailes puissantes et destructrices et crache du feu que ceux qui l’ont libérée contrôlent souvent très mal. Parce que l’attention me fait peur, surtout lorsqu’elle est maniée par les faibles, qui ont besoin d’attention plus que quiconque, parce qu’elle leur échappe très rapidement. Parce que l’attention, comme tout dans le monde, ne vit pas dans un contexte hors-pouvoir.

L’attention peut pousser à identifier à tort quelqu’un comme étant l’auteur de l’attentat du marathon de Boston—et mettre sa vie en danger; l’attention n’a heureusement pas conduit à une intervention extérieure massive en Ouganda (mais je me demande à quel point elle a compliqué, pour ce pays, la tâche de panser ses blessures, ce qu’il était seul à pouvoir faire?) mais cela aurait pu arriver; l’attention a même déclenché l’un des pires massacres de masse en Irak—lorsque l’indignation suscitée par le meurtre brutal d'une jeune fille yézidie a été transformée par des militants en une campagne meurtrière. Il est de plus en plus évident que l’attention  (posthume) est ce qui, en partie en tout cas, motive les jeunes hommes dérangés qui se déchaînent et tuent des étudiants aux États-Unis.»

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Slate Afrique

La rédaction de Slate Afrique.

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