SlateAfrique

mis à jour le

La tension monte à Djibouti

L’onde de choc provoquée par la chute des régimes de Ben Ali et de Moubarak en janvier et février dernier semble avoir atteint la corne de l’Afrique. A Djibouti (ex-colonie française indépendante depuis 1977), les appels à renverser le régime se multiplient.

D’importants mouvements de contestation regroupant trois partis d’opposition ont mobilisé leurs forces en vue de «manifestations pacifiques» qui ont eu lieu aujourd'hui, le 18 février.

L'Agence France Presse (AFP) fait part d'un «rassemblement sans précédent», où l'on pouvait lire sur les banderoles «IOG (Ismaël Omar Guelleh) dehors!».

«La police a évalué le nombre de manifestants entre 600 et 700, tandis que le président de l'UAD, Ismail Guedi Hared, se félicitait du succès de la mobilisation, avec près de 40.000 personnes.»

Les manifestations de la sorte sont très rares à Djibouti.

Ismail Guedi Hared, président de l’Union pour l'alternance démocratique (UAD), avait déclaré à l’agence Bloomberg: «Les gens sont en colère. Tout le monde veut que le président parte.

Elu en 1999, le chef d’Etat djiboutien, Ismail Oma Guelleh, a modifié la constitution afin de pouvoir prolonger son mandat de 6 ans.

«Guelleh est président depuis 12 ans et il veut continuer, mais nous ne le voulons pas. C’est parce qu’il ne fait rien pour les Djiboutiens, il prend tout l’argent», conclut Ismail Guedi Hared.

A l’approche de l’élection présidentielle du 8 avril 2011, le contexte pré-électoral est des plus tendus. La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) dénonce la «vague de répressions» opérée par les autorités.

Depuis le 5 février, la réponse du gouvernement face aux mouvements de protestations —étudiantes notamment— se traduit par une «répression brutale, y compris par des tirs à balles réelles […] (qui) auraient fait au moins 4 morts dont une femme enceinte, et des dizaines de blessés».

D’après la FIDH:

«Des centaines d’étudiants et de lycéens auraient été arrêtés (et des) opposants politiques et défenseurs des droits de l’Homme ont été jugés en comparution immédiate et écroués à la prison de Gabode.»

Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH, condamne les agissements du pouvoir auprès de l’Organisation de la Presse Africaine (OPA): 

«Les autorités djiboutiennes doivent stopper immédiatement la répression et libérer les défenseurs des droits de l’Homme, les opposants et tous les jeunes emprisonnés.»

Lu sur Bloomberg, OPA, AFP