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Madagascar - Les 4X4 de la discorde
Enfin! On a retrouvé la trace des vingt-trois 4X4 offerts par le Fonds de Nations unies pour l’enfance (Unicef) aux directions régionales du ministère de l’Education nationale malgache.
Dans L’Express de Madagascar, le président du Conseil Supérieur de la Transition (CST), le général Dolin Rasolosoa, a avoué être en possession d'un certain nombre de ces véhicules tout-terrain dont il conditionne la restitution:
«Un chef d'institution ne va quand même pas aller au travail à pied. On nous a donné ces 4x4. On va les rendre. Mais nous en avons besoin, d'abord parce qu'en ce qui nous concerne, l'emploi est aussi prioritaire.»
Mais le chef du CST —un organe censé remplacer le Sénat malgache dissout (avec l'Assemblée nationale) par Andry Rajoelina au lendemain de sa prise du pouvoir en mars 2009— n’est pas le seul à s’être octroyé un véhicule de l’Unicef.
Selon le directeur général au sein du ministère de l'Education Dominique Fofa, des membres du parlement malgache mais aussi de l’armée, du gouvernement et de la présidence se sont répartis ces 4X4. D’après Fofa, huit d'entre eux ont été rendus. Il reste donc une quinzaine de véhicules à restituer.
En attendant, «les élèves payent le prix pour ces véhicules non rendus», observe l’Express de Madagascar. L’Unicef est en effet très impliqué sur la Grande Île, où les besoins éducatifs sont d’autant plus criants que le pays est plongé dans une crise politique depuis plus de deux ans et demi.
Madagascar est par exemple sous le régime de sanctions économiques internationales, avec pour conséquence la coupure du robinet des aides non humanitaires et sociales.
Mais, inquiets de la gestion des fonds par les autorités malgaches de la Haute Autorité de la Transition, les donateurs du fonds FTI (Fast Track Initiative), dont fait partie l’Unicef, ont décidé de bloquer le versement d’une troisième tranche de 27 millions de dollars (20 millions d'euros) attendus pour cette rentrée scolaire 2011, qui démarre le 3 octobre:
«De cette somme dépend le fonctionnement de cantines scolaires, la construction d’écoles ou encore le salaire d’enseignants», précise RFI.
Daniel Timme, responsable de la communication de l’Unicef, explique les attentes des donateurs:
«On voudrait avoir une preuve que les autorités en place ont honoré leurs engagements, qu’ils ont déjà payé les enseignants communautaires, leur sécurité sociale et la contribution aux caisses écoles. Ce sont les choses sur lesquelles on s’était mis d’accord au début.»
Lu sur L'Express de Madagascar, RFI