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La corruption, «sport national» en Tunisie?
«L’ancien président et son clan ne sont pas uniquement à l’origine de la corruption», déclarait Hédi Sellami, directeur général de Tunisie Câbles, lors de la table ronde organisée le 23 septembre 2011 par le Centre tunisien de gouvernance d’entreprise (CTGE) et intitulée «Le secteur privé et lutte contre la corruption en Tunisie».
Le sujet central de cette réunion, qui s'est tenue au siège de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (Iace): la corruption, donc, et plus particulièrement la petite corruption, celle qui contamine tous les secteurs de la société tunisienne, rapporte Business News.
Un véritable «sport national» bien connu des Tunisiens, dont 35% estiment, selon une enquête menée par l’Iace, que le favoritisme dans la micro-économie… est «acceptable».
Un phénomène qui, d’après les experts, semble fondamentalement inscrit dans les mentalités. Même si 86% des Tunisiens considèrent la corruption comme un problème socioéconomique très grave —suivi par la violation des droits de l’homme (84%) et le chômage (74.2%)— 54% des interrogés affirment être passifs face à un acte de corruption:
«La corruption c’est un peu comme la drogue, on peut la limiter, jamais on pourra l’éradiquer, pourquoi ne pas la légaliser?», s’amusait Hédi Sellami.
Depuis la révolution tunisienne de janvier 2011, 11% estiment que ce fléau s’est aggravé. Dans l’échelle des secteurs les plus gangrénés, les sondés ont mis en tête la police (71,9%), viennent ensuite les partis politiques (70%), la douane (57,2%) et le gouvernement de transition (56,8%). Le système juridique représenté par les avocats occupe la 5e place, et les juges la 6e place du classement.
Concernant l’actuel gouvernement transitoire, 56,7% des répondants pensent qu’il ne dispose pas d’une véritable politique de lutte anticorruption. Pour les Tunisiens, l’armée serait le secteur le moins touché (8,9%).
Par ailleurs —phénomène bien connu des Tunisiens— les taxis viennent d'être pointés du doigts par les observateurs internationaux et notamment le Moniteur du commerce international (Lemoci):
«Les taxis, tous de couleur jaune sont bon marché et ont des compteurs. Le problème est que souvent les chauffeurs n’acceptent pas de les utiliser avec des étrangers à qui sont demandées des sommes forfaitaires un peu plus élevées que le tarif normal du compteur».
Comme mesure d’éradication de la corruption, un modèle de conduite devrait être publié à l’occasion des Journées annuelles de l’entreprise de l’Iace, qui se dérouleront les 8 et 9 décembre 2011.
Lu sur Business News, Babnet