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Le féminisme, arme fatale contre la famine en Afrique
Si l'on veut lutter contre la famine en Afrique subsaharienne, il faut commencer par apprendre à lire aux filles.
C'est un point désormais largement admis: la population mondiale est en constante augmentation. En 2013, les Nations unies ont même affirmé que la progression serait encore plus rapide que les prévisions précédentes, notamment en Afrique. Et les estimations portent à près de 10 milliards le nombre d’habitants de cette planète d’ici 2050.
Cela pose des défis de tous ordres à résoudre. En premier lieu, la question de l’alimentation. En théorie, il y a suffisamment à manger pour tout le monde aujourd’hui. Il n’empêche qu’un milliard de personnes ont du mal à s’alimenter soit parce que la nourriture est chère soit parce qu’elle n’est pas disponible au bon endroit.
Des spécialistes estiment donc que les agriculteurs devraient doubler leur production d’ici 2050 pour éviter que le nombre de personnes menacées par la famine n’augmente. L’idée est a priori simple, mais les contingences liées au réchauffement climatique incitent à la prudence voire au pessimisme.
En Afrique subsaharienne, par exemple, le réchauffement climatique va accroître les sécheresses. À tel point que Timothy Searchinger, chercheur à l’université de Princeton et au World Resources Institute, estime que «le problème de l’avenir alimentaire durable est plus grave que ce que les gens pensent».
Dans ces conditions, que faire? Selon une étude de la Banque mondiale, l’une des solutions consiste à renforcer l’autonomie des femmes et par une baisse du taux de fécondité. Car, estime encore le rapport de la Banque mondiale, les taux de fécondité —en Afrique subsaharienne, il est de 5,6 enfants par femme— sont plus élevés dans les pays où les femmes ne connaissent pas les choix reproductifs qui s’offrent à elles. En gros, là où elles n’ont pas accès à la contraception.
Gordon Cornway, dans son ouvrage One Billion Hungry fait le lien entre droits des femmes, meilleures production et consommation de nourriture et progrès futurs en termes de sécurité alimentaire. En clair, si on donne aux femmes un contrôle sur leur vie et sur leurs choix, alors les filles pourront être scolarisées plus longtemps. Elles auront des enfants plus tard. Au Mali, les femmes bénéficiant d’une éducation secondaire ou supérieure ont en moyenne trois enfants; celles qui ne vont pas à l’école en ont sept.
Aujourd’hui, les habitants d’Afrique subsaharienne sont les plus affamés du monde. C’est donc en donnant le contrôle de leur vie aux femmes qui empêchera cette région de mourir de faim.
Ce texte est une synthèse d'un article paru sur Slate.fr