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Afrique du Sud - «Docteur la mort» sur la sellette
Wouter Basson n’est pas un cardiologue sud-africain comme les autres. De 1983 à 1991, du temps de l’apartheid, il a dirigé le projet «Coast» au sein du département de guerre chimique et bactériologique des forces armées d'Afrique du Sud.
De là vient son surnom de «Doctor Death» (docteur la mort). L'hebdomadaire sud-africain Mail & Guardian rappelle à cet effet que Wouter Basson aurait supervisé la création de poisons et d’armes biologiques spécifiquement destinées aux populations noires, ou encore de sédatifs pour les militants anti-apartheid embarqués dans des avions pour ensuite être jetés dans l’océan.
Basson avait également de quoi provoquer des épidémies de choléra. Il fut aussi accusé d’avoir fourni des capsules de cyanure aux soldats sud-africains pour qu’ils puissent se suicider si la situation le demandait.
Des plaintes déposées contre lui en 2007 avaient été qualifiés d’irrecevables, mais l’an dernier, la Haute Cour a cassé ce jugement. Désormais, Basson risque de perdre sa licence médicale s’il est reconnu coupable de «comportement non-éthique et non-professionnel, menant à des possibles violations des droits de l’homme».
«J’ai clos ce chapitre il y a 20 ans», s’est-il défendu lors de son audition par le conseil professionnel médical d’Afrique du Sud (HPCSA). Depuis le 26 septembre, il est auditionné à Pretoria par cette instance sud-africaine. «Tout ce que je souhaite, c'est de continuer à servir mon pays en tant que médecin professionnel», a-t-il ajouté.
Le HPCSA étudie six charges contre Basson pour des faits commis entre 1981 et 1993, dont la production de Mandrax, ecstasy et de drogues utilisées pour anesthésier les prisonniers anti-apartheid, note le quotidien.
En 2002, après avoir refusé de chercher à obtenir une amnistie par la Commission Vérité et Réconciliation, il fut acquitté de 67 chefs d’accusation dont possession et trafic de drogues, fraude et détournement de fonds pour un total de plus de 3 millions d’euros, les meurtres de 229 personnes et tentatives de meurtres et vol.
BBC News Africa précise que lors de son procès, Basson s’est défendu en affirmant qu’il ne faisait qu’obéir aux ordres de l’armée sud-africaine (SANDF) et qu’il travaillait à lutter contre une maladie de la pomme de terre et contre l’hépatite A.
Lu sur Mail & Guardian, BBC News Africa