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Ghana - La chasse aux sorcières bientôt fermée

Au Ghana, les superstitions sont encore très ancrées dans la culture populaire. Parmi ces croyances, on trouve la sorcellerie, qui tient encore une place importante dans la société. Là-bas, lorsqu’une femme est suspectée d'être une sorcière, elle est bannie de son village et forcée à se «réfugier» dans un camp.

Le 15 septembre, The Christian Science Monitor évoquait la volonté du gouvernement ghanéen de stopper ces pratiques. Il y a quelques jours, les dirigeants du pays et les représentants des communautés se sont rencontrés à Accra, la capitale, pour la conférence «Towards Banning “Witches” Camps» (vers l'intediction des camps de «sorcières»).

La réunion portait sur l’éradication des six camps du Nord, qui hébergent environ 1.000 femmes et 700 enfants. La plupart d’entre elles ont déjà un certain âge. Certaines ont été accusées d’avoir infligé la mort, d’autres d’avoir jeté un sort sur leurs voisins.

Lors de la conférence, l’une de ces victimes a souhaité témoigner. Depuis 13 ans, Bikamila Bagberi vit dans le camp de Nabule. Elle a dû fuir son village après la mort de son neveu. Le voyant de la communauté l’a en effet accusée de l'avoir provoquée.

Sa famille lui a alors demandé de confesser ce meurtre par sorcellerie. Refusant d’obtempérer, elle a été battue avec une chaîne de vélo et les membres de sa famille ont appliqué du piment sur ses yeux.

Les autorités sont bien décidées à faire cesser ces pratiques, qui touchent de nombreuses femmes. Hajia Hawawu Boya Gariba, ministre adjoint, a affirmé qu’elle ferait tout son possible pour mettre fin à ces agissements:

«Cette pratique est un déshonneur pour notre société. La stigmatisation de  certaines de nos sœurs et leur exil dans des camps, où elles vivent dans des conditions inhumaines et déplorables est une violation de leurs droits fondamentaux.»

Rose Owusu, de la Cour suprême, a également précisé que la mise au ban des «sorcières» violait plusieurs clauses de l’article 5 de la Constitution ghanéenne, établie en 1992, et qui protège la population des pratiques culturelles hors-la-loi qui déshumanisent ou qui portent atteinte à l’intégrité physique ou mentale d’une personne. Owusu appelle de ses vœux la promulgation d’une loi contre ces camps, illégaux.

Mais le Ghana n’est pas un cas isolé. Au Malawi, les sorcières sont également persécutées.

Lu sur The Christian Science Monitor