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Le chaos en Centrafrique raconté en BD
Un illustrateur centrafricain propose à travers un album de dessins de regarder la crise dans son pays d'un autre œil.
Les jours s'écoulent et la violence et l’anarchie s’accroissent en République centrafricaine. Les forces conjointes de la Misca et de Sangaris peinent à désarmer les milices qui se déchirent depuis plusieurs mois, les humanitaires sont dépassés par les urgences et les nouvelles autorités de la transition donnent l’impression de ne pas savoir à quel saint se vouer. Un tableau apocalyptique dont il est difficile de décrypter tous les ressorts, fait savoir le site de bédéistes La Revue dessinée.
Pour aider à comprendre la crise en Centrafrique, la plus violente, la plus meurtrière qu’ait connu ce pays depuis une dizaine d’années, le magazine propose des planches du dessinateur centrafricain Didier Kassaï. Il s’agit d’un album en deux épisodes sobrement intitulé Bangui. L’auteur livre des clés pour voir la guerre civile dans son pays sous un autre œil.
Couverture de l'album Bangui © La Revue dessinée
Les planches publiées sur le site de La Revue dessinée proposent de revenir plusieurs années en arrière, à travers l’histoire d’un couple entre un chrétien et une musulmane.
«Les motivations profondes de cette nouvelle guerre pour le pouvoir ne semble guère reposer sur de vrais antagonismes religieux. Il est plutôt question d’appétits politiques, économiques et sociaux», analyse La Revue dessinée.
© Didier Kassaï / La Revue dessinée
Il est vrai que le dessinateur bat en brèche un certain nombre d’idées véhiculées depuis le début des atrocités en mars 2013, avec le coup d’Etat de Michel Djotodia contre l’ex-président François Bozizé. Par exemple, se demande-t-il, en filigrane, qui a compris les raisons de l’opération Sangaris, décidée en un éclair par la France?
Sans forcément nourrir une quelconque théorie du complot, Didier Kassaï décrit la situation en Centrafrique, donne à voir et offre des éléments d’analyse. Bangui est, certes, un travail artistique, mais la bande dessinée se veut aussi un outil pédagogique. Les dialogues entre les personnages de la bande dessinée aident le lecteur à ne pas oublier les vrais enjeux de cette guerre: le contrôle du pouvoir pour, in fine, le contrôle des importantes matières premières dont regorge le pays. À titre d’exemple, la production de diamants en Centrafrique est estimée à 500.000 carats par an (deux fois plus, croit savoir La Revue dessinée).
Didier Kassaï est un Centrafricain natif de Sibut, cette ville située à 200 kilomètres de Bangui, longtemps occupée par les éléments de la Séléka. Il s’est fait connaître comme dessinateur en publiant des caricatures pendant la période des mutineries qui ont secoué le régime de l’ancien président Ange-Félix Patassé, en 1995 et 1996 déjà.
Lu sur La Revue dessinée