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Sénégal - La bouse de vache contre les coupures de courant
La nature est parfois si bien faite. En Afrique de l’Ouest, une idée a pour ainsi dire le vent en poupe: de la bouse de vache pour produire de l’électricité et du gaz domestique.
L’idée peut paraître répugnante, mais l’agence de presse IPS explique que le projet est actuellement développé au Burkina Faso, en Mauritanie et au Sénégal. Un palliatif aux coupures d’électricité intempestives que connaît cette région et qui ont notamment provoqué les violentes manifestations du 23 juin 2011 à Dakar, la capitale sénégalaise.
Le projet, baptisé Programme national de biogaz domestique (PNB), a pour objectif d’assurer durablement l’approvisionnement des ménages urbains et péri-ruraux en énergie pour l’éclairage et la cuisson, ainsi que de l'engrais organique pour soutenir les activités agricoles en zone rurale. Mais comment tout cela marche-t-il?
IPS a rencontré Alassane Dème, un haut responsable au ministère sénégalais de l’Energie, qui explique que le procédé consiste à construire des infrastructures sous terre, à la manière des fosses septiques, dans lesquelles sont introduites chaque matin des bouses de vaches fraîches ainsi que de l’eau:
«La fermentation du mélange de bouses et d’autres déchets va produire, dans des conditions similaires de la digestion humaine, du gaz méthane. Ce gaz est acheminé par des tuyaux à la cuisine pour la cuisson ou à un point lumineux pour l’éclairage des maisons.»
Même si l’Etat alloue une subvention à ceux qui veulent tenter l’aventure, il faut compter entre 382.000 et 433.550 francs CFA (entre 582 et 660 euros) pour acheter un biodigesteur ou méthaniseur, cet appareil capable de transformer les déchets en gaz et en compost, indique le site de l'Atee, Association technique énergie environnement.
Malgré tout, faire la cuisine sans recourir au feu de bois devient progressivement une réalité dans certains pays, comme en témoigne Amadou Faye, un père de famille de Kaolack, une ville de 20.000 habitants dans le sud-ouest du Sénégal:
«C’est vrai, dépenser 300.000 francs CFA [457 euros], voire plus, pour installer le biogaz est difficile. Mais je trouve ça important. Depuis que ma maison a commencé à utiliser cette énergie, je n’ai plus de problème de coupures intempestives d’électricité. Nous avons notre propre énergie.»
Une autre biogaz-addict, Aïssatou Gning, commerçante à Thiès non loin de Dakar, est tout aussi enthousiaste:
«J'ai des bouses en réserve. Je vous assure que c'est coûteux d’acheter un biodigesteur, mais quand on l'a, on n'a plus de problème d'énergie.»
Lu sur IPS Africa, Atee