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Tunisie - Les millions suisses des Trabelsi
Quelques millions de plus sont à ajouter aux avoirs détournés par l’ex-dictateur tunisien Zine el-Abidine Ben Ali. Huit mois après sa chute le 14 janvier 2011, les avoirs du clan Ben Ali viennent de refaire surface en Suisse.
C’est l’information que rapportait le 18 septembre la Télévision Suisse Romande (TSR), qui fait état de la découverte d’un compte enregistré à la HSBC Private Bank de Genève et attribué à Belhassen Trabelsi, le frère de Leila Trabelsi, l’épouse de Ben Ali.
Son solde s’élèverait à 11 millions de francs suisses (environ 9 millions d’euros). D’après la TSR, ce montant représenterait un sixième de la totalité des avoirs tunisiens bloqués en Suisse.
Belhassen Trabelsi, symbole vivant de la «voyoucratie» tunisienne, réside depuis la révolution de janvier au Canada où il est exilé et où il aurait, en juillet dernier, échappé à une tentative d’assassinat.
En mars, les membres de la Commission d’enquête sur les malversations et la corruption avaient découvert en Tunisie dans le palais de Sidi Dhrif, en plus des sommes en liquide, un compte appartenant à Ben Ali affichant un solde de 27.298.280 dollars (près de 19 millions d'euros). Des livrets d’épargne contenant des sommes importantes ont été découverts aux noms de Leila Trabelso, leur fille Halima et leur fils Mohamed.
Même si la Suisse est en avance en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, les établissements bancaires doivent surveiller eux-mêmes les transactions, pour être dans la mesure de reporter à l’autorité de surveillance (MROS) tout «soupçon fondé» d’activités illicites.
En théorie, l’argent ne devient sale qu’une fois que le pouvoir en place est destitué. Si une banque soupçonne une personnalité exposée politiquement (PEP) d’avoir commis un crime, elle doit immédiatement rompre la relation d’affaires et le dénoncer à l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma), située à Berne.
Suivant l’ordonnance du Conseil fédéral, les banques ont pour obligation de geler les fonds de 40 personnalités tunisiennes, dont ceux de Belhassen Trabelsi. La loi sur le blanchiment d’argent et les directives de la Finma sont effectives en Suisse. Mais cette dernière n’a pas la capacité ni l’autorité de surveiller les règles qu’elle a mise en place au sein même des banques.
La TSR a contacté la banque HSBC, qui n’a pas souhaité réagir sur ce cas précis. Son porte-parole explique néanmoins:
«(la banque) travaille depuis plus de 100 ans au Moyen-Orient et a toujours œuvré au plus près de la loi», tout en soulignant «la difficulté qu'il y a à avoir une définition précise de ce qu'est un PEP».
Lu sur TSR, Tribune de Genève, Business News