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«Je suis homosexuel, maman»: le coming out touchant d'un romancier kényan
Binyavanga Wainaina devient l'une des rares personnalités à assumer publiquement son homosexualité en Afrique.
La toute dernière loi nigériane criminalisant l’homosexualité continue de susciter commentaires et réactions à travers le monde, mais surtout en Afrique. Un peu comme pour crier son ras-le-bol face à cette homophobie rampante sur le continent, Binyavanga Wainaina, un écrivain bien connu au Kenya et fondateur de la revue Kwani basée à Nairobi, est monté au créneau pour faire publiquement son coming out.
Dans une lettre détonante, touchante et drôle, publiée le 21 janvier, à l’occasion de son quarante-troisième anniversaire, sur le site Africa is A Country et sur celui du Chimurenga Chronic, il s’adresse à sa mère pour annoncer publiquement qu’il est gay. En réalité, la mère de Binyavanga est décédée en 2011, mais le romancier imagine les derniers instants de sa vie, se rendant à son chevet de malade, il aurait pu lui dire ceci:
«Maman, jamais personne n’a entendu ceci, maman: je suis homosexuel, maman.»
Il s’agit en réalité, de l’une des très rares personnalités africaines à rompre ainsi avec une sorte d’omerta. Le coming out du romancier kényan Binyavanga Wainaina intervient alors que des lois réprimant l’homosexualité se font de plus en plus dures sur le continent. Au Kenya, par exemple, les personnes LGBT risquent jusqu’à 10 ans de prison.
«Bien sûr, mes amis le savaient. Mais cela faisait plusieurs mois que je me demandais dans quelle mesure cela serait utile de l’annoncer publiquement», fait savoir Binyavanga sur le site du GlobalPost.
L’actualité et «l’homophobie d’Etat» observée un peu partout sur le continent, les persécutions à l’encontre des gays, lesbiennes et transgenres ont fini par le persuader que le fait d’assumer publiquement son homosexualité pourrait aider à faire avancer les choses dans le bon sens.
Un documentaire accompagne la «lettre» de Binyavanga, où il s’exprime plus en détails sur la question des homosexualités en Afrique, et la nécessaire lutte contre l’homophobie.
Sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter, les réactions sont été nombreuses. Ceux qui saluent l’initiative du romancier et ceux qui s’inquiètent et s’indignent d’une telle sortie.
"Je suis homosexuel, maman" #Homophobie en #Afrique : un écrivain #Keny an brise le tabou #gay http://t.co/qkPjkAkk3j pic.twitter.com/IGrQTBzih8
— jean rossignol (@jrossignol) 22 Janvier 2014
Moi, là, le gars, le lui dis "CHAPEAU" - et bien bas encore ! Bravo, M. Binyavanga Wainaina !! http://t.co/X1pb9Ue9c8
— Jacques DUFFOURG (@JacquesDuffourg) 22 Janvier 2014
Binyavanga Wainaina just cemented my belief in him as a great writer. Wow... Hats off to him on that piece
— Syindu Musesya (@pmusesya) 19 Janvier 2014
Si les tweets sont si nombreux, c’est que Binyavanga Wainaina n’est pas n’importe qui. Auteur bien connu en Afrique, il est aussi considéré par Foreign Policy comme l’un des 100 plus grands twittos au monde, rappelle le Guardian.
D’ailleurs explique encore le site du quotidien britannique, Binyavanga Wainaina, a d’abord pensé un temps faire son coming out sur Twitter avant de préférer la forme épistolaire publiée sur Africa is A Country et Chimurenga Chronic.
Le seul tweet du romancier à ce sujet, «aucun adulte ne devrait avoir à faire un “coming out”. Chacun d’entre nous a besoin de vivre librement, dans la dignité et avec amour»
no adult needs to 'come out' - all of us simply need to live freely and with dignity and love.
— Binyavanga Wainaina (@BinyavangaW) 23 Janvier 2014
Slate Afrique