mis à jour le

Economie: lutte d'influence entre la Chine et le Japon en Afrique
Pékin et Tokyo s'écharpent à propos de leur politique respective à l'égard de l'Afrique.
Cela faisait huit ans qu’un Premier ministre japonais n’avait pas posé les pieds en Afrique. C’est dire si la visite de Shinzo Abe, du 10 au 13 janvier à la Côte d’Ivoire, au Mozambique et à l’Ethiopie est historique. Après avoir salué la politique menée par Alassane Ouattara et signé un cheptel d’accords économiques avec Maputo, M. Abe a terminé sa tournée, à Addis Abeba, par la promesse d’une aide de 320 millions de dollars destinée à aider le continent à faire face «aux conflits et aux catastrophes».
Mais les officiels nippons, qui étaient accompagnés d’une cinquantaine de chefs d’entreprise, en ont aussi profité pour égratigner leur voisin chinois, dont les échanges avec l'Afrique sont sept fois plus élevés. Après avoir admis son retard en termes d’investissement sur Pékin, le porte-parole de la chancellerie japonaise, Tomohiko Taniguchi, a critiqué, à mots couverts, le caractère intéressé des cadeaux offerts par la Chine aux Etats africains.
«Des pays comme le Japon, la Grande-Bretagne et la France ne peuvent pas fournir de belles maisons, de beaux édifices ministériels aux leaders africains», a-t-il grincé à la BBC, faisant allusion au financement de bâtiments publics par Pékin. Le siège de l’Union africaine d’Addis Abeba, où M. Abe s’exprimait lundi 13 janvier, a ainsi été offert par la Chine. M. Taniguchi a continué en vantant l’approche du Japon: «Notre politique d'aide vise à encourager le développement du capital humain de l'Afrique.»
Côté chinois, on a peu apprécié l’offensive de Tokyo, déjà accusé ces dernières semaines d’irrédentisme et de provocation. Le conflit sur la nationalité des îles Senkaku et le scandale provoqué par la visite de M. Abe au sanctuaire Yasukuni où sont honorés des militaires morts pour le Japon, ont provoqué un regain de tension entre les deux grandes puissances asiatiques.
Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, qui visitait l'Ethiopie, Djibouti, le Ghana et le Sénégal du 6 au 11 janvier, a annoncé désapprouver l’attitude de «certains pays» qui tentent de faire avancer leurs intérêts en Afrique pour des motifs purement politiques. Pour Pékin, Tokyo ne fait que courtiser les nations africaines dans l’objectif d’obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations nnies.