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Centrafrique: Michel Djotodia poussé vers la sortie
Le pouvoir de transition en République centrafricaine semble vivre ses dernières heures, acculé de toutes parts.
Les proches de Michel Djotodia vont de démenti en démenti: le président de la transition en République centrafricaine ne démissionnera pas à l’issue du sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) qui se tient ce jeudi à N’djamena, au Tchad. Pourtant, cette réunion ressemble fort à une convocation adressée aux responsables de la transition en RCA.
Quelques heures avant le départ de la délégation centrafricaine pour la capitale tchadienne, une conférence de presse convoquée par le président Djotodia avait été annulée à la dernière minute. Le même scénario s'était déjà produit en début de semaine, alimentant toutes les rumeurs sur une prochaine démission.
Le sommet de la CEEAC n'a pas pour objet «de changer un régime, ni de changer la transition» à Bangui, a assuré mercredi soir à l'AFP le secrétaire général de l’organisation sous-régionale, Ahmat Allami.
Pourtant, l'atmosphère est lourde à Bangui, et plus que jamais le pouvoir centrafricain donne l'impression de ne rien contrôler, et d'être dans le viseur de son ancien allié tchadien, traditionnel «faiseur de roi» en Centrafrique.
«Parler du départ de Djotodia aujourd'hui, c'est mettre le pays à feu et à sang, c'est provoquer une guerre civile», met en garde, le porte-parole de la présidence centrafricaine, Simplice Kodégué.
Et de son côté, une source française, tout en reconnaissant que «l'idée de Déby, en convoquant ce sommet, est d'accélérer la transition politique», souligne que «la vacance du pouvoir est un risque que personne ne veut prendre».
La Centrafrique est plongée dans un conflit sanglant et une impasse politique. Il n'y a plus d'Etat, plus de fonctionnaires, plus de salaires. L'administration à Bangui est totalement paralysée par le conflit qui a fait des dizaines de milliers de déplacés malgré les appels à la reprise du travail lancés par le gouvernement.
Retranché dans le camp militaire De Roux, le président Djotodia, porté au pouvoir par une coalition hétéroclite de rebelles musulmans, est honni par la population chrétienne, majoritaire à 80%.
«Si ce gars là ne part pas, on n'aura jamais la paix», résume, sous couvert de l'anonymat, un haut fonctionnaire licencié en septembre de son poste et remplacé par un neveu du président.
«Ce sont des analphabètes, des imbéciles, ils s'imaginaient que tout allait tomber du ciel mais ils sont incapables d'assurer l'ordre et l'autorité», s'énerve un autre, qui n'a pas touché de salaire depuis septembre.
Slate Afrique avec AFP