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Père Georges Vandenbeusch: les silences éloquents d'une libération
Trop de zones d'ombre entourent la libération du père Georges Vandenbeusch, qui était retenu en otage entre le Cameroun et le Nigeria.
S’il y a un homme bienheureux en cette nouvelle année 2014, c’est bien le père Georges Vandenbeusch enlevé il y a de cela un mois et demi alors qu’il se trouvait dans sa paroisse au Nord du Cameroun. Ce jour-la, des hommes armés ont fait irruption dans la paroisse, ont réclamé de l’argent aux sœurs religieuses qui s’y trouvaient avant de s’introduire dans la maison du père qu’ils ont réussi à amener avec eux. L’acte a été plus tard revendiqué par la secte islamiste Boko Haram qui disait vouloir faire rendre gorge à la France pour son engagement militaire au Nord-Mali contre les forces djihadistes.
Depuis lors, le sort du prélat semblait scellé ce d’autant qu’avec les fous de Dieu, personne ne pouvait parier un seul kopeck que cet enlèvement connaîtra une issue heureuse. En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que les prières du père Georges ont été exaucées. Car, à ce qu’on dit, il a été libéré, par «compassion» par ses ravisseurs qui assurent n’avoir reçu aucune rançon. Vrai ou faux ? Difficile de savoir où se trouve la vérité. Et ce n’est pas au père Georges qu’il faut poser une telle question, lui qui ne demandait pas plus que la liberté. Sans doute que les jours suivants ne permettront d’en savoir davantage sur les circonstances de cette libération somme toute heureuse mais inattendue.
De toute évidence, si Boko Haram comme elle le dit elle-même, a libéré le père Georges par «compassion», on ne peut s’empêcher de se poser une question. La secte islamiste était-elle en train de s’humaniser; elle qui, dans sa haine contre l’Occident, avait poussé l’outrecuidance jusqu’à l’extrême en sabotant des campagnes de vaccinations lancées par les autorités nigérianes dans le Nord du pays?
On voit mal que des gens dont l’obscurantisme est sans limite qui massacrent et tuent à l’aveuglette sur leur passage, peuvent faire preuve de mansuétude, surtout avec un otage dont la tète se marchande à coups de millions d’euros. Tout porte à croire que le Vatican dont on ne doute pas de l’apport déterminant dans le dénouement de cette affaire, a craché au bassinet, et redoutant toute mauvaise publicité, a du négocier l’anonymat. En tout cas, il existe encore trop de zones d’ombres dans la libération du père Georges qui, après un mois de captivité, dit mesurer la souffrance qu’endurent les otages.
Boundi Ouoba (cet article a d’abord été publié dans Le Pays)