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Togo - L’Agence nationale de renseignements accusée de torture

Au Togo, le coup d’Etat raté de 2009 fait encore des vagues. Le 17 septembre 2011, Afriscoop évoquait l’ouverture d’une enquête sur les allégations de tortures par l’Agence nationale de renseignement (ANR). Les investigations seront menées par la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), mais cette décision n’enchante pas toutes les parties.

C’est Tchitchao Tchalim, ministre de la Justice qui a ordonné l'ouverture de l’enquête. Cette décision fait suite aux déclarations de plusieurs détenus, arrêtés après le coup d’Etat raté de 2009, affirmant avoir été torturés par l’ANR.

Les 33 accusés ont été jugés ce 15 septembre. Kpatcha Gnassingbé, demi-frère du président togolais Faure Gnassingbé et cerveau du coup d'état, a été condamné à 20 ans de prison.

Interrogé par RFI, Gilles Benoît Afanbeji, avocat de trente des accusés émet quelques réserves quant la nomination du CNDH pour enquêter:

«Je crois que c’est une bonne chose, qu’une enquête soit diligentée. Cependant, je regrette que ce soit seulement à la […] Commission nationale des droits de l’homme, à qui cette mission a été confiée. Parce qu’il y a d’autres organisations qui luttent pour les droits de l’homme dans notre pays, à savoir le Cacit, le Collectif des associations contre l’impunité au Togo, bien entendu la Ligue togolaise des droits de l’homme, la FIDH, sans oublier l'Acat au Togo, l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture.

Donc moi j’aurai souhaité qu’on associe ces organisations, afin qu’une démarche conjointe puisse se faire, dans le cadre de ce qui s’est passé à l’ANR».

Raphael Pandé Adjaré, avocat et président de la Ligue togolaise des droits de l’homme (LTDH), partage l’avis de son confrère:

«Nous ne sommes pas satisfaits par cette démarche. Nous avons des objections à faire. Parce que c’est vrai, la CNDH […] défend les droits humains. Mais vous savez, c’est une institution républicaine. La CNDH a des lignes budgétaires qui sont contenues dans une loi des finances. Et nous n’avons jamais entendu la CNDH soulever des cas de torture dans ce pays. C’est les organisations de la société civile qui ont soulevé ces questions de torture.»

Le 10 août déjà, des journalistes togolais avaient organisé une marche contre l'ANR pour dénoncer «des velléités d’atteinte à l’intégrité physique de certains membres de leur corporation».

Lu sur Afriscoop, RFI