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La Chine ciblée par les groupes djihadistes au Maghreb?
La présence accrue de la Chine au Maghreb et la répression qu'elle exerce à l'égard des musulmans du Xinjiang l'exposent à la menace djihadiste.
La prochaine accession de la Chine au premier rang des puissances économiques mondiales menace sa doctrine du «développement pacifique». Si la carte du multilatéralisme jouée par Pékin depuis les émeutes de la place Tian’anmen en 1989 a permis de trouver des débouchés à l’explosion de sa production, c’est grâce à une diplomatie de velours. Or, la neutralité politique du géant asiatique à l’égard de ses partenaires commerciaux est aujourd’hui mise à mal par la multiplication de ses contacts.
Présente presque partout sur le continent africain, de l’Afrique du Sud au Maghreb, la Chine n’hésite pas à engager des négociations avec des nations dont les intérêts sont discordants. Une dualité qui en irrite beaucoup croit savoir Think Africa Press. A fortiori lorsque ses tractations commerciales concernent le secteur de l’armement comme ce fut le cas en Libye avant la chute de Mouammar Kadhafi. Le fait même que Pékin fréquente les infréquentables place ses diplomates sur la corde raide.
Pour les groupes rebelles qui sillonnent le continent, une Chine qui fraye avec les gouvernements honnis, pourrait donc également prendre des airs menaçants. L’hostilité des factions islamistes africaines envers Pékin est d’autant plus grande que les musulmans chinois connaissent des difficultés à exercer leur culte. La répression des émeutes d’Urumqi, capitale du Xinjiang, qui fit 200 morts et 1.700 blessés en 2009 fut ainsi suivie d’un appel au djihad de la part du groupe terroriste Al-Qaida au Magrehb islamique (AQMI).
Le risque pour les ressortissants chinois qui travaillent au Maghreb est donc bien réel. Et ce, d’autant que la part des investissements africains de la Chine au Maghreb est passée de 10% en 2003 à 15% en 2011. Rien qu’en Libye, 36.000 travailleurs chinois ont dû être évacués lors de la révolution de 2011. Si les cibles privilégiées des djihadistes demeurent les gouvernements en place et les délégations occidentales, l’attentat de la place Tien’anmen d’octobre 2013 attribué aux Ouïgours (Chinois musulmans) et l’extension de la sphère d’influence de Pékin au Maghreb fait émerger de nouveaux antagonismes entre les islamistes du monde arabe et la Chine.
Les récentes réunions de groupes terroristes à Benghazi révélées par le journal allemand Welt am Sonntag, attestent de la volonté de certains d’entre eux de concevoir «de nouvelles stratégies régionales» et même, de tendre vers une coordination «internationale». Face à cette menace, la capacité de Pékin d’assurer la protection de ses ressortissants apparaît limité aux vues de la faiblesse de sa présence militaire dans la région.
Lu sur Think Africa Press