mis à jour le

L'odyssée africaine des réfugiés syriens
De la Syrie à l'Europe, les chemins escarpés du Maghreb empruntent parfois de curieux détours.
La route se dérobe, chaque jour un peu plus, sous les pas des réfugiés syriens. Pourchassés par une guerre interminable, les civils qui ont pu quitter le pays s’entassent dans des campements qui n’en finissent plus en Jordanie et en Turquie. En proie aux immuables ressentiments régionaux, ceux qui atteignent le Liban ou l’Egypte regardent vers l’ouest.
Le Maghreb, pour sa proximité géographique et culturelle, est devenu un point de chute privilégié. Ou plus souvent, une passerelle pour l’Europe. Mais déjà, atteindre la Tunisie ou l’Algérie est une gageure tant les conditions d’accueil y sont précaires.
Les quelques dizaines de milliers de Syriens qui trouvent refuge au Maghreb ne bénéficient d’aucun statut, ni d’aucune aide. En Libye cependant, le chaos leur permet de se fondre dans la masse des candidats à l’Europe. Depuis janvier 2013, 10.000 d’entre eux ont réussi à atteindre l’Italie, selon Amnesty International.
Ceux qui rongent leur frein au Maroc vivent le même désarroi. En attendant de pouvoir peut-être tirer profit de l’«opération exceptionnelle» de régularisation des clandestins prévue en 2014, beaucoup ont recours à la mendicité. Au nord de la Méditerranée, seuls 10 Etats ont accepté de leur accorder un visa. L’Espagne a bien voulu en accueillir 30 soit 0,001 % des réfugiés syriens.
Crédit : Amnesty International France
Devant la frilosité européenne, les réseaux informels fonctionnent à plein. Pour atteindre Lisbonne, 74 Syriens ont payé 4.000 euros chacun d'après El Pais. Munis de faux passeports turcs, ils se sont d’abord posés à Casablanca avant d’embarquer pour la Guinée-Bissau. Enfin, ils ont pu faire la jonction avec Lisbonne grâce à un vol de la compagnie lusitanienne TAP.
L’arrivée impromptue de réfugiés a entraîné une crise diplomatique entre le Portugal et la Guinée-Bissau, Lisbonne soupçonnant son ancienne colonie de s’être débarrassée, comme elle le pouvait, du contingent. Pour la police aux frontières portugaise, il ne fait aucun doute que Bissau avait constaté le caractère fallacieux des passeports.
«Ce qu'il s’est passé, c’est que les autorités bissau-guinéennes ont insisté pour que l’embarquement se fasse avec ces passagers qui n’avaient pas de documents en ordre», constate avec amertume, Antonio Monteiro, directeur des relations publiques de la compagnie portugaise TAP sur RFI.
En réaction, le Portugal a interrompu la liaison aérienne avec la Guinée-Bissau, qui se trouve ainsi un peu plus isolée sur le plan diplomatique. La jeune République souffre, depuis le coup d’Etat militaire de 2012, d’une instabilité politique chronique qui en fait un hub majeur du trafic de drogue et du trafic de personnes.
Crédit : El Pais
Lu sur El Pais