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L'Amazonie, nouvelle terre d’accueil des réfugiés africains
On connaissait jusque-là l’Europe comme grande terre d’immigration pour les Africains. On sait aussi que depuis une dizaine d’années, les hommes et les femmes du continent, notamment des jeunes, émigrent vers l’Asie et en particulier vers la Chine. Mais saviez-vous que l'Amazonie est une nouvelle terre d’accueil des réfugiés africains? C’est ce que souligne l’agence de presse IPS, qui consacre un reportage sur le sujet. Les journalistes d’IPS sont allés à la rencontre de Nicolas Wilson, un homme de 56 ans, originaire de la République démocratique du Congo.
Cet homme est le premier Africain à avoir trouvé refuge dans la jungle amazonienne au Brésil, après avoir fui des affrontements entre groupes ethniques rivaux dans la province de l’Equateur, dans le nord-ouest de la RDC. Il débarque d’abord à Sao Paulo, puis poursuit sa route vers Boa Vista, la capitale de l'Etat de Roraima, dans l'extrême nord du Brésil, à la rencontre d’un contact qui lui avait promis du travail lorsqu’il s’enfuyait de son pays. Une fois sur place, il s’aperçoit qu’il s’agissait d’une arnaque.
Nicolas continue donc alors vers Manaus, la capitale de l'Etat d'Amazonas, dans le Nord, la plus grande ville en Amazonie, et avec l'aide d’une ONG catholique, Pastoral do Migrante, qui vient en aide aux migrants et réfugiés, il devient le premier réfugié africain vivant dans la forêt tropicale du Brésil. Aujourd’hui, Nicolas Wilson a, pour ainsi dire, ouvert la voie à d’autres africains. D’après le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), quelques 30 réfugiés d'Afrique ont demandé l'asile auprès du gouvernement brésilien, depuis 2010. Ils viennent de Côte d'Ivoire, du Ghana, de Guinée-Bissau, du Nigeria et de la Sierra Leone, du Kenya, du Zimbabwe et de la RDC.
«Cette région, qui accueille généralement davantage de personnes venues d'Amérique du Sud, comme des Colombiens et des Boliviens, a commencé à voir un afflux d'Africains. C'est un changement discret, mais nous avons commencé à le remarquer il y a deux ans», observe Luiz Fernando Godinho, porte-parole du bureau local du HCR.
Après avoir raconté les horreurs de la guerre en RDC aux journalistes de IPS, Nicolas Wilson dit aujourd’hui se sentir totalement amazonien. Mais dans son propos, souligne le reportage, il y a toujours cette forme de «saudade» (nostalgie en portugais) :
«J'ai beaucoup souffert d'être séparé de ma famille. J'espère trouver un emploi et gagner la stabilité dans ma vie.»
Sûrement dans l’espoir de retourner un jour rendre visite à ce qu’il lui reste comme famille en RDC.
Lu sur IPS