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Centrafrique: les soldats français mettent le cap sur Bossangoa, après avoir quadrillé Bangui
La capitale centrafricaine, où patrouillent les soldats français, reprend vie mais la peur reste présente après les massacres de jeudi.
Bangui gardait dimanche matin un aspect de ville aux abois, silencieuse, rues sans animation, boulevards contrôlés par les blindés de l’armée française, comme la veille.
Selon des habitants de la capitale centrafricaine contactés par l’AFP, seuls de rares tirs isolés ont résonné dans la nuit. Dans les quartiers, les gens sortaient néanmoins de chez eux plus que les jours précédents, les fidèles espérant pouvoir se rendre aux offices dominicaux.
«On attend que les Français rentrent dans nos quartiers pour qu’on ne voit plus tous ces gens armés», expliquait un habitant, ajoutant: «quand on voit un pick-up (de combattants surarmés), on change de direction».
Dans la ville, la peur est toujours dans les esprits. «On est fatigués d’avoir peur. On veut que ça s’arrête», ajoutait un autre.
Le président centrafricain Michel Djotodia a décrété un deuil national de trois jours à compter de dimanche en mémoire des victimes des massacres qui ont fait des centaines de morts à Bangui, dans un message diffusé à la radio nationale samedi soir.
«Pour honorer la mémoire de nos concitoyens qui ont perdu la vie durant ces tragiques évènements, un deuil de trois jours sera observé à compter du 8 décembre», a déclaré le président Djotodia.
Le président a exprimé ses condoléances «à toutes les populations centrafricaines et plus particulièrement aux populations banguissoises qui ont été éprouvées par les évènements des dernières 48 heures», a encore affirmé Michel Djotodia.
Jeudi, des massacres ont ensanglanté Bangui, faisant près de 300 morts, selon la Croix-Rouge locale qui n’a pu accéder à tous les quartiers de la ville où les habitants ont signalé des cadavres abandonnés.
«Au moment où je vous parle, la situation est sous le contrôle des forces de défense et de sécurité (...) Plus rien ne s’oppose à la reprise des activités», a-t-il affirmé, appelant ses compatriotes à «vaquer sans crainte» à leurs occupations.
Dans la foulée d’un feu vert de l’ONU, l’opération française Sangaris a été lancée, sur ordre du président français François Hollande, en appui à une force africaine sur place. Paris a annoncé samedi soir que le contingent français déployé en Centrafrique allait être porté à un total de 1600 soldats.
«Désarmer toutes les milices et groupes armés»
L’armée française a en effet renforcé samedi dans l’urgence son dispositif en Centrafrique, avec l’arrivée de renforts terrestres dans l’ouest et un dispositif musclé à Bangui, chargés désormais en priorité de désarmer «milices et groupes armés».
Dans la matinée de samedi, près de 200 militaires de l’opération française Sangaris, venus par la route du Cameroun, ont fait leur entrée à Bouar (ouest), où ils ont été accueillis en sauveurs par la population.
A Bangui, les soldats français sont montés en puissance dans les rues toujours jonchées de cadavres, après les tueries de jeudi qui ont fait près de 300 morts.
Les soldats de Sangaris auront désormais pour mission prioritaire de mettre fin aux massacres et de «désarmer toutes les milices et groupes armés qui terrorisent les populations», a expliqué François Hollande en annonçant l'envoi de 400 soldats supplémentaires, portant le contingent français à 1600 hommes. «Il n’y en aura pas davantage, ça suffira», a souligné depuis Paris le président français.
Ils demeureront dans le pays «autant que nécessaire pour cette mission», et jusqu’à la tenue d’élections, a souligné le chef de l’Etat français, alors que Paris n’évoquait jusqu’à présent qu’une intervention limitée dans le temps, autour de six mois.
«On ne peut pas laisser en place un président qui n’a rien pu faire, a laissé faire», a par ailleurs commenté François Hollande, dans un entretien à RFI-TV5Monde, en référence au président Michel Djotodia (issu des rangs de l’ex-Séléka), censé quitter le pouvoir fin 2014 avant l’organisation d’élections.
AFP