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Pour la presse africaine, Mandela était déjà «canonisé de son vivant»
Ou comment les titres du continent rivalisent du sens de la formule pour rendre hommage à Madiba.
Depuis l’annonce du décès de Nelson Mandela, le 5 décembre, les médias du continent rendent un hommage appuyé au héros de lutte contre l'apartheid, une icône selon l'expression qui revient sur à peut près tous titres.
Le quotidien kényan, lyrique, The East African s'est fait le relais d'un compagnon de lutte contre l'apartheid, Desmond Tutu, pour exprimer sa peine:
«Le soleil se lèvera demain, et le jour d’après. Il n’apparaîtra pas aussi brillant qu’hier, mais la vie continuera.»
Un message teinté d'espoir. Car l'archevêque sait que la jeunesse du pays n’a pas oublié celui qui, toute sa vie, s’est battu pour le rayonnement de la nation Arc-en-ciel.
«Cher Nelson Mandela. Vous vous êtes sacrifié pour votre pays. C’est à notre tour de le servir. Vous êtes mon héros. Merci beaucoup pour nous avoir donné tant de joie», a ainsi écrit Jessica Shames, une jeune fille de 11 ans, dans une lettre laissée devant la maison de Mandela, à Houghton et que publie le magazine sud-africain The City Press.
Le quotidien de Johannesburg Mail & Guardian avait encore du mal à se faire à l’idée de la mort du prix Nobel de la paix:
«Les mots "Nelson Mandela est mort" laissent un goût étrange dans la bouche. Ils sont presque impossibles à dire, tant l’homme a déjà été canonisé durant sa vie.»
Pour passer outre la légende d'un homme «statufié de son vivant» selon l'expression du site d'information burkinabè Lefaso.net, The Egypt Independant rappelle les propos que Mandela a lui-même tenus, afin de définir son combat, au cours du procès de Rivonia:
«J’ai dédié ma vie à la lutte des peuples africains pour la liberté. Je me suis battu contre la domination blanche et j'ai combattu l’oppression noire.». Une citation également reprise par le site sénégalais SudOnline.
El Watan salue, quant à lui, «plus qu’un ami», en évoquant les liens affectueux qu'entretenait Mandela avec l’Algérie.
Le quotidien rappelle que «c’est en Algérie que "Madiba" reçoit sa première formation militaire en 1961 aux côtés de l’ALN». «C’est l’Algérie qui a fait de moi un homme», aurait-il affirmé lors de sa première visite officielle à Alger, en mai 1990.
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Pour le pure-player sud-africain Daily Maverick, Mandela, bien plus qu'un ami, était un père:
«Certains disent qu'on devient adulte quand le père meurt. Pour beaucoup d'entre nous, ce moment arrive trop tôt, avant même que nous ayons pu apprécier ce que le rôle d'un père signifie.»
De son côté, le journal Premium Times s'est fait l'écho des propos du président nigérian Goodluck Jonathan qui soulignent l'onde de choc que le décès de Mandela a provoqué:
«La mort de Madiba va créer un énorme vide qui sera difficile à combler pour notre continent. Il manquera énormément à tous ceux qui sont épris d’amour, de paix et de liberté. Il sera éternellement honoré pour son immense contribution au démantèlement de l’apartheid, l’un des systèmes les plus horribles que le monde ait connu.»