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L'Afrique de l'Est se rêve en locomotive du continent
Les pays membres de l'East African Community prennent le chemin de l'union monétaire et ferroviaire. Mais les prétentions de chacun génèrent des tensions.
Les projets pleuvent sur les bords du lac Victoria. Après l’annonce de l’installation de Google à Kampala, mercredi 20 novembre, la capitale ougandaise accueillait, dix jours plus tard, le sommet de l’East African Community (EAC). Au cours de la rencontre, les chefs d’Etat du Burundi, du Kenya, de l’Ouganda, de la Tanzanie et du Rwanda ont signé un protocole d’accord portant création d’une union monétaire. Entre-temps, Uhuru Kenyatta s’était rendu à Mombassa pour inaugurer la construction d’une ligne de chemin de fer devant relier les principales villes est-africaines.
Samedi 30 novembre, le président kényan a posé les premiers jalons de la ligne ferroviaire raccordant le port de Mombassa à la capitale Nairobi rapporte The East African.
«Nous sommes ici aujourd'hui pour transformer le cours de l'Histoire non seulement du Kenya, mais de la région est-africaine dans son ensemble», s’est félicité M. Kenyatta, précisant que le réseau devrait ultérieurement être étendu à Kigali (capitale du Rwanda), et Juba (capitale du Soudan du Sud).
La construction, dont le coût est estimé à 13,8 milliards de dollars (10 milliards d'euros), sera assumée par l'entreprise d'Etat chinoise China Road and Bridge Corporation (CRBC). Elle devrait être terminée en 2017 et permettre de réduire de 60% les frais du transport de marchandise tout en faisant baisser le temps du trajet de 12 heures à 4 heures.
Si l’édifice est censé «remplir les promesses de prospérité» faites «à tous nos peuples est-africains» —selon les mots de M. Kenyatta— il a pourtant essuyé les critiques de la Tanzanie et du Burundi, qui n’ont pas été associés aux discussions menées par le Kenya, l’Ouganda et le Rwanda. Début novembre, le président tanzanien, Jakaya Kikwete, a publiquement fait part de son agacement à l’égard de l’initiative de ses voisins:
«Veulent-ils nous pousser vers la sortie [de l'EAC?]», s’est interrogé M. Kikwete.
Le Burundi et la Tanzanie voient également d’un mauvais œil les tractations menées par le Kenya, l’Ouganda et le Rwanda avec le Soudan du Sud, afin de créer un vaste réseau de routes et d’oléoducs. Tout porte à croire que c’est ce qui a poussé le ministre burundais en charge des Transports, Déo Rurimunzu, à annoncer le lancement de plusieurs projets associant Bujumbura à la Tanzanie et la République démocratique du Congo dans le secteur des transports et de l’énergie.
Samedi 30 novembre, l’EAC a retrouvé un semblant d’unité en officialisant le lancement d’une union monétaire vouée, à terme, à donner naissance à une monnaie commune.
Lu sur The East African