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Nigeria: faites place à la police des mœurs
Chargée de faire respecter le charia, cette patrouille traque dans les rues de Kano tout comportement immoral afin de garder une ville conforme à la loi islamique.
Debout à l'arrière d'un pick-up, six hommes en uniforme vert patrouillent et scrutent minutieusement chaque passant: c’est la police de mœurs. Formés en 2001, ces gardiens de la morale appelés Hisbah, ont pour mission de veiller au respect de la charia en vigueur dans la partie nord, à majorité musulmane. Et c'est donc dans la ville Kano au nord du Nigeria, que ces hommes recherchent des prostituées, leurs clients, des travestis, les toxicomanes ou encore les coupes de cheveux à l’occidentale.
«Dès que nous recevons une information de la part de nos agents ou une dénonciation au sujet d'un acte immoral, nous mobilisons nos hommes pour y mettre fin. Nous arrêtons les auteurs. Ils seront poursuivis en justice ou recevront une aide psychologique», explique à l'AFP Adamu Haruna Bayero, chef de la patrouille.
Ces dernières semaines ces groupes ont durci le ton, procédant à des centaines d'arrestations à Kano, suite à une directive du gouvernement local appelant à nettoyer la deuxième ville du pays de pratiques jugées immorales.
Pour certains, cette directive n’est autre qu'une stratégie politique du gouverneur Rabiu Musa Kwankwaso, dont les rivaux l'avait accusé de manquer d'enthousiasme dans l'application de la charia, qui co-existe avec des lois laïques.
Considérée comme un moyen essentiel pour endiguer la toxicomanie et la prostitution, ce département représente le premier rempart face à ces problèmes s’aggravent de jour en jour, dans la région où le taux de chômage est le plus élevé du pays. C’est pourquoi ces agents jouissent d’une grande contribution des habitants qui apprécient leurs actions.
«Les jeunes ici portent des jeans serrés, et ils les font tomber sur leurs hanches… Ils sont nombreux à copier la coupe de cheveux des footballeurs (Mario) Balotelli ou (Zinedine) Zidane», se plaint un homme.
Pour les chrétiens de Kano, la police des mœurs les harcèle et cette situation risque de mal tourner, dans ce pays où la population est constituée en parts égales de musulmans, au Nord, et de chrétiens, majoritaires au Sud. Au Nigeria la religion est un sujet délicat, notamment fragilisé par les actions de Boko Haram envers chrétiens.
Slate Afrique avec AFP