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Shanty Town, le (faux) bidonville de luxe qui indigne les Sud-Africains
Le concept fait polémique en Afrique du Sud, les promoteurs sont accusés de racisme et de provocation.
Idée douteuse ou «relents d’apartheid», voilà les critiques dont Emoya Hotel & Spa fait l’objet. À la base de ces réactions, le concept du Shanty Town, fait savoir France 24. Installé depuis le début de l’année dans la ville de Bloemfontein, le Shanty Town propose aux touristes d'expérimenter la pauvreté, «l’aventure d’une vie», en logeant dans un bidonville factice.
Les tôles ondulées, les pneus de voiture faisant office de chaises et les lampes à pétrole pourraient laisser croire qu’on se trouve dans un vrai township. Construit en plein milieu d’une réserve naturelle, «sans aucun contact avec les autochtones», Shanty Town bénéficie en réalité d'un service cinq étoiles, petit déjeuner compris, pour la somme de 80 euros, l'équivalent du salaire moyen sud-africain.
Repéré par une l'émission satirique américaine The Colbert Report, au début du mois, le concept choque et insurge, dans un pays où 12 millions de personnes vivent dans des logements précaires, d’après l’association Niall Mellon Township Trust.
Sur son site, l’hôtel présente la fausse ville comme «le seul bidonville dans le monde équipé d'un chauffage par le sol et l'accès à Internet sans fil». Ces arguments n’ont fait qu’accroître les critiques et le caractère dit «raciste» de l’expérience. Une accusation que réfute le propriétaire de l’établissement.
«Le concept du Shanty Town n’a pas de tonalité raciste ni pour but de se moquer des personnes pauvres, blanches comme noires, qui pourraient vivre dans des bidonvilles. L’idée était au contraire de susciter l’empathie envers les millions de personnes qui vivent dans ces conditions», déclaré Buks Westraad à la presse locale.
Un projet douteux surtout lorsque l’on connaît les chiffres sur les inégalités économiques dans ce pays. Selon France 24 les derniers rapports estiment que «85% des Sud-Africains noirs sont pauvres, alors que 87% des Sud-Africains blancs disposent de revenus moyens ou élevés».