mis à jour le

Le vrai roi du Swaziland, c'est Coca-Cola
La firme américaine de soda détient un pouvoir colossal dans le petit royaume.
Une démocratie monarchique. C’est le nom que donne maintenant le roi Mswati III à sa monarchie du Swaziland. N’y voyez pas un quelconque signe de changement. Tout, dans ce pays coincé entre l’Afrique du sud et le Mozambique, confine à la mascarade. A commencer par les élections qui se sont tenues le 20 septembre dernier au cours desquelles 55 députés sans étiquette —les partis sont interdits— ont été élus pour siéger dans un parlement fantoche. Les rares membres de l’opposition en liberté ont dénoncé un simulacre de scrutin.
Le souverain avoue volontiers son goût pour le spectacle, lui qui, après avoir réaffirmé l’interdiction de la mini-jupe, a donné une nouvelle fête des roseaux en septembre 2013. Les réjouissances ont été l’occasion, comme d'habitude, pour sa majesté de choisir une nouvelle compagne parmi un parterre de vierges dénudées. Fait curieux dans un Etat dont la porte-parole des forces de l’ordre avait expliqué en juin 2012 que «le viol est facilité [par la mini-jupe] parce qu’il est facile de retirer la petite pièce de tissu».
Drapé dans ses habits de lumières, le roi déploie tous les efforts possibles pour garder la mainmise sur la politique et l’économie du pays. Face à Coca-Cola pourtant, le roi est nu. C’est du moins ce que laissent à penser les déclarations de Sam Mkhombe, l’ex-secrétaire privé de Mswati.
Dans un article publié par le Wall Street Journal, ce dernier accuse le souverain de «faire tout ce que [Coca-Cola] lui ordonne». Il faut dire que l’entreprise américaine pèse pour près d’un dixième du produit national brut et génère la moitié de sa production à l’exportation. Un phénomène parfois qualifié de «Coca-Colonisation».
Même si le producteur de soda affirme ne pas faire de politique, il contribue, en négociant directement avec Mswati, à prolonger son règne et à accentuer son contrôle sur des pans entiers de l’économie. Selon l’association Freedom House, la famille royale s’est accaparée quelque 26 millions de dollars sur le budget de l’Etat en 2012. Pour se maintenir au pouvoir, le roi mène également une diplomatie des plus habiles en préservant de bonnes relations avec les Etats d’Afrique australe et l'Union européenne. L'Etat swazi demeure aussi l’un des derniers Etats au monde à reconnaître Taiwan, ce qui lui permet de toucher une aide annuelle de 2 millions de dollars de la part du gouvernement de l'ïle, rapporte Courrier International.
Lu sur le Wall Street Journal et Courrier International