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Troupes de l'armée Mauritanienne qui descendent les Champs Elysée, REUTERS/Mal Langsdon
Troupes de l'armée Mauritanienne qui descendent les Champs Elysée, REUTERS/Mal Langsdon

Aux tirailleurs sénégalais morts dans un champ de Picardie

Plus qu’un théâtre de guerre, la commune d'Airaines a été à l'origine d'une belle amitié entre deux peuples.

Si pour certains la mémoire des tirailleurs sénégalais n’est pas assez honorée, il y a un endroit qui représente le symbole de cette collaboration: Airaines. Un reportage de France culture revient sur ce village qui a été l’un des hauts lieux des combats de la Picardie, pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Chaque année, cette ville rend hommage à ceux qui sont venus aider la France, à travers une stèle du Capitaine Gabonais N’Tchorere, érigée en son honneur. «Comme un symbole de quelqu’un qui vient d’ailleurs et qui s’intègre, un héros picard, africain et gabonais», explique Albert Poiret qui se souvient de cette époque.

Les affrontements d’Airaines ont eu lieu le 5, 6 et 7 juin 1940, mais bien avant la famille Poiret avait pris la fuite avant de revenir, rattrapée par les Allemands. Comme de nombreux Airainois qui voulaient échapper aux nazis, les Poiret ont dû rebrousser chemin. A leur retour ils découvrent une ville à sac et en sang, pire encore des corps mutilés dans leurs champs. Des cadavres de tirailleurs Sénégalais du 53e régiment d’infanterie coloniale. Pour ceux qui n’avaient jamais vu de noirs c’est le choc, une rencontre dans des circonstances tragiques.

Amitiés

A partir de là, née une amitié avec ceux que l’on appelle communément les tirailleurs sénégalais, mais qui regroupaient des soldats africains de toutes origines. Selon Albert Poiret, «ils furent les derniers à quitter le champ de bataille». Un courage qui explique que seulement 1800 soldats sur les 3000 aient survécus. Alors que les picards sont «froid de réputation», la communauté d’Airainoise va tendre les bras à cette population.

Ceux qui ont survécu, comme le grand-père d’Alain Nguema Cormeille, président de l’association agafricapicardie, sont revenus avec de nombreuses anecdotes. «Il nous faisait nous asseoir, il y avait 3 enfants, 2, 4, 10. Des fois nous étions carrément tous les jeunes du village et il nous les racontait», se souvient Mr Nguema Cormeille.  Ils avaient même «attaqués les Allemands au corps à corps» faute de munitions.

Au 73e anniversaire de ces évènements, le drapeau français flotte au côté du drapeau gabonais comme un symbole d’unité face à l'adversaire. Plus d’un demi-siècle après, les liens entre ces deux pays sont toujours aussi forts. Les Gabonais disent même que la Picardie est la 10ème province du Gabon. Cependant, ce n’est pas un sentiment  partagé par tous les habitants d’Airaines: «on recense de nombreux actes racistes depuis peu», rappelle le Maire Jean-Luc Lefebvre.

Entendu sur France culture

Greta Mulumbu

Journaliste

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