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Rafles meurtrières en Arabie Saoudite
Ryad s'emploie à expulser les travailleurs en situation irrégulière. Les opérations de police auraient fait au moins 4 morts.
Le 4 novembre 2013, le couperet est tombé. La période de « grâce » accordée aux travailleurs en situation irrégulière résidant en Arabie Saoudite est arrivée à échéance. Au terme du délai de sept mois qui avait été imposé par Ryad, quelque 4 millions d’immigrés ont pu obtenir un titre de séjour grâce au parrainage d’un employeur. Pour ceux qui n’ont pas trouvé de tuteur, le ban était clos.
Depuis lors, les autorités saoudiennes ont lancé une campagne d'arrestations massive visant à expulser les non-nationaux vers leur pays d’origine. Si le Prince Khaled bin Abdulaziz affirme ne cibler aucune communauté, les rafles ont touché majoritairement les Ethiopiens, qui seraient 23 000 à avoir été arrêtés selon Muhammed Hassan Kabiera, représentant permanent d’Addis-Abeba dans le royaume arabe.
Dimanche 10 novembre, le ministre des affaires étrangères éthiopien Tedros Adhanom a quant à lui annoncé la mort de trois de ses ressortissants au cours d’affrontements avec les forces de l’ordre. Dans le district de Manfuhah, qui concentre une part importante des 9 millions d’Ethiopiens vivant en Arabie Saoudite, un Somalien aurait également trouvé la mort mercredi, d’après l’agence saoudienne SPA citée par la BBC.
Profil bas du gouvernement éthiopien
Les officiels saoudiens ont indiqué que les opérations de reconduite à la frontière étaient menées dans le but de réduire le taux de chômage, qui s’élève actuellement à 12%. Déterminé, le Prince Khaled a affirmé à la presse vouloir « continuer cette campagne jusqu’à être sûr que tous les résidents du pays soient en situation régulière. » Au total, la police a procédé à l’arrestation de 33 000 immigrés en situation illégale.
Aux vues de la brutalité des interpellations, un nombre croissant de travailleurs clandestins a préfèré se rendre de lui-même aux autorités, rapporte Jeune Afrique. De son côté, Addis-Abeba, après avoir soutenu la légitimité de l’opération a dénoncé les moyens employés par la police saoudienne :
«Nous avons déjà signifié que tuer des civils innocents est inqualifiable, et nous condamnons ces actes que nous estimons déplorables», a déclaré le porte-parole du ministère des affaires étrangères éthiopien cité par RFI.
Le gouvernement de Haile Mariam Dessalegn veille toutefois à conserver de bonnes relations avec la monarchie du Golfe qui a investi un total de 369 millions de dollars dans le pays. De son propre aveu, « le Moyen-Orient est une région qui influence la sécurité et l’économie éthiopienne de façon significative. » Ryad joue notamment un rôle décisif auprès d’organisations de développement comme l’Arab Bank for Economic Development in Africa, (BADEA) l’Organization of the Petroleum Exporting Countries (OPEP) et le Kuwait Fund.
Lu sur la BBC, Jeune Afrique et RFI