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Mouloudia: plus qu'un club, une histoire
Aucune autre équipe locale que Mouloudia, Club d’Alger, peut se vanter de réunir autant de personnes dans le stade. Presque centenaire et malgré les défaites, ce club déchaîne toujours les passions.
L’âme d’un club a toujours été les supporters. Surnommés «les Chinois», en raison de leur nombre et de leur réputation sulfureuse, ceux de Mouloudia Club d’Alger (MCA) ne manque pas une occasion de faire trembler les tribunes. Réunis pour un match à domicile le week-end dernier, ils ont été à la hauteur de leur réputation, selon le New York Times.
«Des milliers de fans sautant et chantant à l'unisson sur les rythmes des battements de tambours et ce pendant des heures.»
Cette ferveur trouve son origine à l’époque coloniale. Fondé il y a près de 100 ans, par quatre passionnés du football, l’histoire de ce club est profondément liée à celle de l’Algérie. Comme pour se dresser contre les Français, le quatuor avait décidé de créer un club pour les Algériens.
«A l’époque coloniale, les musulmans étaient des citoyens de seconde classe dans leur propre pays et jusque-là aucun club n'avait été créé sans autorisation de l'administration française». Pour El -Hadi Domeche, président du fan club du MCA, il s'agissait d'un acte de rébellion. «Ils ont décidé de faire un club musulman. C'était un acte contre le colonialisme.»
Avec pour base des principes religieux, le club a rapidement attiré des supporters issus de la population conservatrice. Un succès qu'il doit également à la combinaison de trois aspects importants de la culture algérienne: «la liberté, la religion et le football», explique le journal américain.
Ce club qui avait à peine de quoi se payer des maillots, est aujourd’hui un piller du football algérien. Très populaire, le Mouloudia club d’Alger reçoit désormais une aide financière du gouvernement et celle d’une compagnie pétrolière d'Etat, Sonatrach. En retour le fan club a apporté son soutien à Abdelaziz Bouteflika aux élections de 2009.
Récemment, le fan club à appelé l’actuel président algérien à briguer un quatrième mandat, à travers un chant. Comme ancré dans leurs gènes, les supporters de ce club ne peuvent s’empêcher de mêler le sport et la politique.
Lu sur le New York Times