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Ethiopie - WikiLeaks met des journalistes en danger

Si les câbles diplomatiques révélés par WikiLeaks ont fait trembler de nombreux gouvernements à travers le monde, il peut aussi s’avérer très dangereux pour la presse.

Le 14 septembre, le Comité de protection des journalistes (CPJ) racontait l’histoire d’Argaw Ashine, journaliste éthiopien forcé de fuir son pays car son nom est cité dans un câble diplomatique divulgué par WikiLeaks le mois dernier, qui fait également mention d'une de ses sources au sein du gouvernement.

«C’est triste de quitter sa maison en moins d’une semaine, sans préparation. J’aime mon pays et mon travail, c’est une grande perte pour moi», a-t-il déclaré à BBC News.

Dans le document confidentiel de l’ambassade américaine, l’idée de «faire taire» l’Addis Neger, un journal éthiopien, est évoquée. Ashine affirme également que les autorités éthiopiennes avaient l’intention de «mettre sous silence» six journalistes du titre. A la suite de cette révélation, les rédacteurs ont cessé la publication du journal et fuient aujourd'hui le pays.

Les 5 et 6 septembre, quelques jours après divulgation du câble, Ashine a été convoqué par le Bureau de communication du gouvernement dans le siège de la capitale, Addis Abeba (Ethiopie).

Le 8 septembre, Argaw Ashine a été convoqué par la police. Les autorités lui ont lancé un ultimatum: il devait révéler sous 24 heures le nom de sa source au Bureau de communication.  S'il ne s'y pliait pas, il devrait faire face à des conséquences «non spécifiées». L’Ethiopien a donc décidé de quitter le pays:

«La menace que nous avons essayé d’éviter est bien réelle aujourd’hui. Une citation dans l’un de ces câbles peut donner aux gouvernements autoritaires l’occasion de persécuter ou de punir les journalistes et les activistes.»

Fin 2010, Wikileaks avait divulgué un trésor de câbles diplomatiques confidentiels. Plusieurs extraits ont été publiés dans The New York Times et le Guardian de Londres. Le mois dernier, plus de 200.000 câbles supplémentaires ont été publiés. Le CPJ enquête actuellement pour savoir combien de journalistes y sont cités.

Lu sur CPJ, BBC News Africa