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Du salafisme à l'athéisme: une Egyptienne raconte sa conversion
Voici l'histoire de Noha, une Egyptienne qui, en devenant athée, s'est mise à dos sa famille et son entourage.
Noha est une jeune physicienne. Elle a raconté au site d'information Egypt Independant comment elle est passée de la pratique d'un islam salafiste à l'athéisme. Une trajectoire assez rare dans un pays traditionnel et religieux tel que l’Egypte. La jeune femme a grandi selon les règles strictes de la doctrine salafiste avant d'y renoncer progressivement. Un choix qui a radicalement changé sa vie, puisqu’elle a été élevée dans un foyer pieux et religieux.
Son père priait et lisait chaque jour le Coran, afin «de se protéger du mal», aux côtés de sa mère qui suivait également les mêmes préceptes. Comme presque toutes les musulmanes, à l'âge de 15 ans, Noha se voile. Elle explique que cette décision lui a été imposée par son professeur d’arabe car «les bons élèves ont aussi une bonne morale». Elle débute l’apprentissage de la religion, allant même jusqu’à se démarquer en gagnant des prix de récitation coranique.
A la faculté de médecine, c’est une rencontre qui lui fait franchir une nouvelle étape dans sa pratique religieuse. Mona Imam, épouse de l'ancien conseiller présidentiel Essam al-Haddad, l’incite à porter le voile intégrale, le niqab. A cette époque, l’étudiante garde la foi et décide de se marier quelques années plus tard avec un homme qui partage sa vision de l'islam.
Les premiers doutes
C’est à travers cette union que Noha va remettre en question l’existence de Dieu et cela à cause de son mari. Au fil des années il va se montrer très fondamentaliste, voire violent avec elle. N’ayant personne vers qui se tourner, la jeune femme décide de se confier à son père qui ne prendra pas sa défense au nom des textes sacrés:
«Dieu a donné au mari le droit de battre leurs épouses comme le stipule le verset de la sourate Al-Nissa.»
Cette explication va être à la base de son questionnement:
«Comment Dieu pourrait donner le droit à un mari d'abandonner et de battre sa femme et pire encore, qu'il puisse être marié à une autre en même temps? Comment est-ce possible quand l'islam interdit de battre les animaux? Les femmes sont-elles inférieures aux animaux? Est-ce parce que les femmes sont physiquement plus faibles que les hommes qu’elles ne peuvent pas répliquer? Comment peuvent-elles accepter d’être aussi humiliées?»
Les relations avec son mari vont se détériorer: un jour, alors qu’il regardait la télévision chez la mère de Noha, la jeune femme en profite pour lui faire remarquer son hypocrisie. Réaction violente et immédiate de son époux qu’il la bat sous les yeux de sa mère impuissante. Déterminée Noha remet en doute tous les écrits du Coran et consulte des ouvrages de philosophes qui traitent de l’adaptation des sourates à notre époque.
Peu à peu, Noha se met à changer. Sa famille le remarque et pense qu’elle souffre de troubles obsessionnels compulsifs.
La conversion
Peu de temps après, Noha décide de ne plus porter le niqab, de ne plus prier et d’exprimer ses idées. Elle apporte à sa famille une attestation prouvant qu’elle ne souffre pas de troubles mentaux. Cependant, elle se fait discrète, car les athées ne sont pas les bienvenus en Egypte. Pour elle, il est illogique «d'accepter les règles écrites il y a plus de 500 ans dans un environnement qui n'existe plus».
En devenant athée elle a dû renoncer à son mariage, prendre ses distances avec sa famille. La jeune femme a été mise à la porte par sa mère. Depuis, les choses ont bien changé. Noha a rencontré une personne athée.
Lu sur Egypt Independent