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Maroc: une nouvelle loi contre le harcèlement sexuel, et après?
Au Maroc, le gouvernement a décidé de se pencher sur le harcèlement sexuel. Un projet de loi fantôme a été rédigé sans la participation des ONG.
Il y a près d’un an, des centaines de Marocaines étaient descendues dans la rue pour réclamer une loi contre les violences faites aux femmes. Aujourd’hui leurs revendications ont été entendues. Le gouvernement a finalement pris le problème à bras le corps en rédigeant un texte qui définit le harcèlement sexuel comme «tout acte importun à l’encontre d’un tiers dans les espaces publics à travers des actes, des propos ou des gestes à caractère sexuel ou dans le but d'obtenir un acte de nature sexuelle».
Si cette proposition de loi est acceptée par le Parlement, «les dragueurs agressifs» pourraient risquer une peine d’un mois à deux ans d’emprisonnement ainsi qu’une amende de 1 000 à 3 000 dirhams (90 à 267 euros). De plus, la loi s’applique à différents échelons et change selon le profil du harceleur. Ainsi le site Aujourd'hui le Maroc (ALM), précise que «cette peine est doublée si ce délit est commis par un collègue dans le cadre professionnel ou par des personnes chargées de veiller à l’ordre ou à la sureté dans les espaces publics».
Ecran de fumée?
Élaborée par le ministère de la Solidarité, de la femme et du développement social, en collaboration avec le ministère de la Justice et des Libertés, ce projet de loi a été rédigé sans les ONG concernées, telles que l’Association démocratique des Femmes du Maroc (ADFM). Contactée par le site Afrik.com, Samira Bikarden, l'une des responsables, n’a jamais eu vent d’un tel projet.
«Parlez-vous d’un projet de loi relatif au harcèlement sexuel?, répond la militante. A notre connaissance, il n’y a jamais eu un projet de ce genre! Le seul projet dont nous sommes informées aborde le harcèlement sexuel dans le cadre d’une loi globale contre le phénomène de la violence à l’égard des femmes, élaboré du temps de Yasmina Badou au poste de ministre de Développement social, de la Famille et de la Solidarité (2002- 2007). Seuls quelques paragraphes y étaient consacrés au harcèlement sexuel. A ce jour, nous ne savons pas ce qu’il en est !»
Même constat pour l’Association marocaine de lutte contre la violence à l’égard des femmes qui n’a pas été informée, et précise que cette proposition ne figure pas sur le site du Secrétariat général du Gouvernement alors qu’elle est la principale source de ALM. Ce projet existe-t-il vraiment? Ou est-ce un écran de fumée? Pour Samira Bikarden, «il est inadmissible aujourd’hui que les ONG ne soient ni impliquées, encore moins informées, dans tout processus de réforme ». C’est pourquoi, elle continue de multiplier les actions avec l’ADFM et reçoit chaque jour des femmes dans son centre d’écoute.
Lu sur Aujourd'hui le Maroc, Afrik.com