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Les racistes sont-ils plus décomplexés?
Avec la montée des partis extrémistes, le racisme a franchi un pas en France. Les partisans de ces idéologies ne se cachent plus et disposent de nombreux outils pour faire circuler leurs idéaux sans craindre des sanctions.
S’il y a quelques années le racisme était tabou, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Dernièrement, la Garde des Sceaux Christiane Taubira a été qualifiée de «guenon» par une candidate Front national. En réponse, la ministre de la Justice s’est dit inquiète du «relâchement public», mais selon le sociologue Michel Wieviorka intérrogé par Francetvinfo, cela n’est pas qu’un problème de racisme:
«Dans le cas de Christiane Taubira, il ne s’agit pas uniquement de racisme. La ministre de la Justice forme un tout, dans l’opinion. C’est une femme, elle a sa couleur de peau et elle incarne une action politique qui divise. Cela fait d’elle une cible parfaite pour ceux qui veulent en même temps exprimer des idées racistes et critiquer la politique gouvernementale. Peut-être qu’à un autre ministère, moins important, elle aurait été moins attaquée».
Si le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) observe une augmentation de 23% des actes et des menaces racistes en 2012, selon Le Monde.fr, pour Michel Wieviorka cela s’explique par la revendication de certaines valeurs:
«Les personnes qui tiennent ce type de propos racistes se considèrent comme vertueuses. Elles n'ont donc pas de complexes, puisqu'elles prétendent défendre des valeurs et une certaine conception de la société et du vivre-ensemble. Le racisme a trouvé une ouverture dans l’espace public, grâce au contexte politique. La montée actuelle du FN ouvre cet espace, même s’il prétend le combattre, en suspendant la candidate qui a comparé Christiane Taubira à un singe».
Pour la troisième année consécutive, la CNCDH relève que les indicateurs de racisme sont en hausse et que l'intolérance augmente. Mais, d'après Michel Wieviorka, le gouvernement dispose de moyens pour faire baisser ces chiffres:
«Son évolution dépendra de la capacité de notre système politique et éducatif à le combattre. Le plus urgent, c’est de rappeler avec fermeté le refus du racisme. Par la suite, il y a plusieurs niveaux d’action. Un niveau immédiat: on a des lois et des instruments qui permettent de combattre directement la parole raciste, qui, il faut le rappeler, est illégale. En profondeur, il va enfin falloir trouver les outils pour le combattre à long terme. C'est la tâche la plus compliquée».