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Docteur Guitoukoulou :

Marcel Guitoukoulou a posé avec une partie de Congolais de Casablanca et de Rabat qui avaient participé à la rencontre|Photo :©AEM

Le verbe tranchant, le ton ferme, le docteur Marcel Guitoukoulou a martelé, le samedi 26 octobre dernier, à Casablanca au Maroc, son credo sur le futur proche du Congo : « L'heure est venue de tourner enfin la page Sassou, de mettre un terme à la colonisation du Congo par celui-ci et sa famille. La constitution ne lui permet pas de se représenter et je mets en garde une prétendue opposition qui suggère des schémas qui, on le sait, finiront par une révision de la constitution qui permettrait à Sassou d'être candidat ». Dans la salle, la diaspora congolaise du Maroc se félicitait de la visite du médecin qui exerce à Marseille en France : « C'est bien la première fois qu'un homme politique congolais vient à notre rencontre. Ceux du pouvoir viennent uniquement pour flamber, étaler scandaleusement leurs richesses ou se faire soigner et nous ignorent ».

Essentiellement composé de jeunes, l'auditoire qui a écouté religieusement le docteur Marcel Guitoukoulu souligner lors des échanges avec l'opposant son incompréhension, sa perplexité et même ses réserves sur l'opposition congolaise. Et de citer des exemples de ceux qui vilipendaient le pouvoir mais qui ont fini à la mangeoire : « Pourquoi on vous ferait confiance ? Qu'est-ce que nous dit que vous ne roulez pas pour Sassou ? ». Pédagogue et dans un langage et un discours sur mesure, le médecin s'attèle à convaincre : « Mon parcours parle pour moi : j'ai risqué ma vie en allant convaincre Ntoumi pour qu'il arrête la lutte armée qui pénalisait la région du Pool, ma fondation réalise beaucoup de choses sur mes propres deniers et avec l'aide des amis alors que je n'ai jamais occupé une fonction officielle, à la dernière élection je me suis présenté contre Sassou et ma candidature a été invalidée... ». Et de se faire encore plus précis : « Les faux opposants ce sont ceux qui suggèrent aujourd'hui un gouvernement d'union nationale afin de partager le pouvoir avec Sassou ou encore des états généraux qui, on le sait, finiront par une révision de la constitution au bénéfice de Sassou qui pourra se représenter. Si un jour, vous me voyez intégrer un gouvernement d'union nationale de cette nature et dans ces conditions, alors là vous pourriez me traiter de tous les noms ».

« Sassou ou l'illusion de travailler enfin... »

Marcel Guitoukoulou n'a pas manqué de moquer le discours du pouvoir qui « ose présenter le Congo comme un pays émergent ! En 30 ans de pouvoir, construire la route qui mène à Pointe-Noire n'a rien d'exceptionnel, c'est même scandaleux que cela se fasse seulement maintenant. ». Et d'appeler à ne pas confondre prestige et pertinence économique et sociale : « Réhabiliter l'aéroport de Maya Maya c'est bien, mais vous qui vivez ici pouvez-vous comparer son activité et son trafic avec ceux de Casablanca ? », réaction unanime dans la salle : « Noooooonnn ». Puis, Marcel Guitoukoulou se fit professeur d'histoire : « La plupart d'entre vous êtes très jeunes et n'avez pas connu la présidence de Massamba Debat. En cinq ans, il a fait bien plus que Sassou en 30 ans. De 1963 à 1965, la société française La Redoute importait des articles du textile à Brazzaville, nous avions une industrie de transformation alimentaire, les cahiers étaient produits sur place... Comparez avec la situation d'aujourd'hui. C'est bien de multiplier de grands travaux à crédit et encore faudra-t-il qu'il y ait une pertinence économique et qu'on en voie les retombées sociales. C'est loin d'être le cas aujourd'hui ».

L'ambassade n'a plus de téléphone

Les Congolais du Maroc sont intarissables dès qu'ils commencent à raconter les frasques du pouvoir et la décrépitude de l'administration consulaire. Du fait que les Congolais sont dispensés de visa pour se rendre au Maroc, ils sont environ 7.000 à Casablanca la capitale économique du royaume chérifien. Ceux-ci déplorent que l'ambassade n'ait même pas de téléphone et qu'on n'y trouve pas un seul passeport alors qu'un sujet étranger exhibait ostentatoirement une centaine de passeports qu'il délivrait. Des situations inimaginables qu'ils ont rapportées au docteur Guitoukoulou comme celle de la « mafia des soins médicaux aux frais de l'État ». Des témoignages font état des soins médicaux surfacturés au-delà de ce que l'on pourrait imaginer : « Le Trésor public congolais verse le fonds à une intermédiaire marocaine qui accueille les patients, les héberge, les faits soigner et présente des notes surfacturées, sans doute qu'elle doit rétrocéder beaucoup d'argent à des responsables congolais ».

Des tas de témoignages recueillis avant et après la rencontre avec l'opposant congolais qui en a profité pour rappeler son objectif : « la rupture » ; « Il faut rompre avec ce système. Vous comprenez pourquoi j'appelle tous les Congolais à la rupture, il faut arrêter cette descente en enfer ». Convaincus, certains jeunes ont décidé de constituer un groupe pour relayer et faire vivre le discours de Marcel Guitoukoulou qui a promis de retourner les revoir.|Botowamungu Kalome (AEM), Envoyé spécial à Casablance, Maroc

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Une vue de la salle pendant l'intervention|Photo :©AEM

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Un jeune interrogeant le docteur Guitoukoulou|Photo :©AEM

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Marcel Guitoukoulou pendant son intervention|Photo :©AEM

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Marcel Guitoukoulou avec une jeune Congolaise qui voulait immortaliser cette rencontre|Photo :©AEM

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Lors d'une interview accordée à l'équipe du site Starsducongo.com|Photo :©AEM

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Les deux piliers du site Starsducongo.com|Photo :©AEM

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Quelques instants avant la rencontre|Photo :©AEM

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Patrick qui avait introduit le docteur Guitoukoulou|Photo :©AEM

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Marcel Guitoukoulou en relax dans le centre ville de Casablanca|Photo :©AEM

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Marcel Guitoukoulou en discussion avec un groupe de gens dont deux Congolais (à sa gauche) rencontrés fortuitement dans une agence de voyages|Photo :©AEM

AFRIQUECHOS.CH

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