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Claude Ernest Ndalla Graille :

Claude Ernest Ndalla, conseiller spécial du président Sassou Nguesso

Ambassadeur du Congo-Brazzaville au Vietnam en 1969, Claude Ernest Ndalla qui avait eu le privilège de rencontrer le général Giap et parle de la bataille qui l'a rendu célèbre, celle de Diên Biên Phû où les troupes de Vietminh avaient défait celles de l'armée française. Suite au décès du plus célèbre des Vietnamiens, AEM a recueilli les souvenirs de l'ancien diplomate congolais.

AFRIQU'ÉCHOS MAGAZINE(AEM) : Que devrait-on retenir de cet illustre personnage que vous avez connu ?

CLAUDE ERNEST NDALLA(CEN) : Le nom du Général Giap, de son vrai nom Vô Nguyen, sera toujours associé à celui de Ho Chi Minh, président du Parti des travailleurs du Vietnam, qui est devenu par la suite le président du Parti communiste du Vietnam. Ho Chi Minh était le visionnaire et Giap le militaire qui mettait en mouvement les lignes directrices que le président Ho Chi Minh et le parti choisissaient. À ces deux, il faut associer aussi le nom de l'Empereur Bao Dai que les Français avaient voulu installer au pouvoir pour gérer l'Indochine qui à l'époque était composée du Cambodge, du Laos, de la Cochinchine et du Vietnam. Mais la guerre de l'Indochine ne leur a pas permis de mettre à exécution cette néo-colonisation du Vietnam.

Giap, c'est d'abord le héros de la guerre de l'indépendance du Vietnam et ensuite le tombeur de l'armée coloniale française. Pour la première fois au monde, l'armée d'un peuple colonisé avait vaincu celle de son colonisateur. Le nom de Giap est lié au désastre de l'armée française à Diên Biên Phû le 7 mai 1954. Il ne faut pas oublier que tous les grands généraux français sont passés en Indochine : l'Amiral D'Argenlieu, le Marechal De Lattre de Tassiny, Cogny, Navarre, Leclerc, Massy, Salan, Bigeard, De Castries. Tous ont été défaits. La bataille de Diên Biên Phû, qui a duré plusieurs mois, s'est soldée par dix mille prisonniers français parmi lesquels 2.335 officiers et sous-officiers dont le général De Castries qui l'ironie du sort quand on le nomme général, les bouteilles de champagne et les galons qu'on lui avait parachutés sont tombés dans les mains de Vietminh, le front de libération du Vietnam.

AEM : Ce fut un très grand officier...

CEN : Et il faut savoir qu'il n'était pas un militaire sorti des académies mais un professeur d'histoire et géographie qui a pris les armes pour défendre son pays contre l'impérialisme français, et américain ensuite.

AEM : Et Diên Biên Phû restera comme son plus haut fait d'armes ?

CEN :Cette bataille a ouvert la voie aux autres peuples de l'empire colonial français. La débâcle française a eu lieu le 8 mai 1954 et le FLN lance sa guerre de libération le 1er novembre 1954 et qui va durer jusqu'en 1962. La victoire de colonisés de Diên Biên Phû a montré à la face du monde entier que les Français n'étaient pas invincibles et qu'ils peuvent être vaincus s'ils ont en face d'eux des gens déterminés et organisés. Pour preuve après la guerre d'Algérie, cette dernière a obtenu son indépendance après 8 ans de combat. Pour cela, Giap a été le héros des indépendances du Vietnam en particulier et d'autres peuples colonisés de l'empire français en général.

AEM : Qu'est-ce qui mis fin à la guerre de Diên Biên Phû ?

CEN :Diên Biên Phû était la bataille décisive qui a mis fin plus tard à la guerre du Vietnam et poussé les protagonistes à négocier à Genève. Et cela a conduit à l'indépendance du Vietnam qui malheureusement a été aussitôt bafouée car c'est seulement le nord qui a obtenu son indépendance et le sud était sous l'occupation américaine avec le général Westmorlande. Les Américains ont installé la famille Ngô Dinh Diêm et leurs fantoches comme les généraux Nguyen Cao Ky, Nguyen Van Hinh au pouvoir pour contrôler le Vietnam du sud. Une fois de plus la vaillance des Vietnamiens a prévalu sur l'armada américaine forte de 200.000 marines et plus de 500.000 auxiliaires venus de la Corée du Sud et d'autres pays satellites des Américains. Et Giap a été un des acteurs importants de cette victoire et pour cela je lui tire mon chapeau et m'incline plus bas pour dire adieu à ce grand monsieur que j'ai eu le privilège de rencontrer.

AEM : En quelle circonstance l'avez-vous rencontré ?

CEN :J'étais ambassadeur du Congo en Chine populaire, au Vietnam et en République populaire de Corée. J'avais succédé aux défunts Alphonse Bayonne et Apollinaire Bazinga. Mes prédécesseurs n'ont présenté leurs lettres de créance qu'à Pékin tandis que moi j'avais présenté mes lettres de créance à Pékin, à Hanoï au vice-président Do Thu Tao et au président du Présidium de l'Assemblée populaire suprême Tseu Hu Kun.

En 1969, lors de la fête de l'indépendance du Vietnam, en début septembre 1969, j'ai rencontré le général Giap en personne. Notre rencontre a été surréaliste. Je discutais depuis un moment avec un militaire vietnamien, qui n'avait presque pas des décorations. On causait, on se racontait des histoires et on rigolait. Et puis, je vois un général bien chamarré avec pleines de décorations. Je vais vers lui et je lui demande si c'était lui le général Giap. Il sourit et me dit c'est le monsieur avec qui je causais. Je suis rentré le voir pour solliciter un rendez-vous pour me parler de la bataille de Diên Biên Phû. Il m'a fixé rendez-vous au musée de l'armée de libération du Vietnam. Il m'a expliqué toutes les phases de la bataille de Diên Biên Phû qui n'étaient pas seulement des affrontements armés mais aussi une guerre psychologique. Après les prises de postes menant vers Diên Biên Phû, les Vietnamiens jetaient des tracts pour dire aux militaires engagés au front aux côtés des Français que c'était une guerre néocoloniale et que c'était une cause perdue d'avance. Bon nombre de militaires désertaient les rangs comme les Tunisiens, Algériens, Congolais et autres.

AEM : Pendant la guerre de 5 juin 1997 contre le président Lissouba, un de vos amis s'est surnommé général Giap...

CEN :C'était un admirateur du général Giap. Comme ce dernier, il n'était pas un militaire de formation mais il a commandé la guerre et s'en est bien sorti jusqu'à la victoire finale. Quant à moi, en tant que conseiller politique du mouvement armé, j'ai appliqué les leçons de Giap en ce qui concerne la guerre psychologique. Je répondais coup sur coup aux déclarations du président Lissouba par le canal de la chaîne de Télévision et Radio que nous avions mise en place pour déstabiliser l'adversaire.

AEM : Que peut retenir la jeune génération du général Giap ?

CEN :Giap, c'est celui qui pour son pays s'est fait militaire pour vaincre les occupants et qui s'est battu pour l'indépendance de son pays. Giap est un modèle d'engagement, de bravoure et de détermination. | Propos recueillis à Brazzaville par Herman Bangi Bayo(AEM)

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