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Tunisie

La journée anniversaire des deux ans de la tenue des premières élections libres en Tunisie, le 23 octobre, a commencé sans entrain et a fini dans le deuil. Alors qu’une manifestation avait lieu à Tunis demandant la chute du gouvernement, le dialogue national supposé réunir la classe politique n’a pas démarré comme prévu, hier. L’annonce de la mort de 6 agents des forces de l’ordre en début d’après-midi, tués lors d’affrontements avec un groupe d’extrémistes dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, a endeuillé la journée. La préoccupation sécuritaire a pris le dessus dans un pays en attente de réponses sur les derniers évènements.

Manifestation sur l'avenue Habib Bourguiba le 23 octobre 2013 - Crédit image : Sana Sbouai

Trois jours de deuil national. Encore. La tristesse ne fait que s’étendre sur la Tunisie et la classe politique, sans charisme et sans parole, ne se préoccupe que de garder sa place.

Hier la journée devait être une journée de contestation pour une partie de la population, fatiguée d’attendre le départ d’une Assemblée élue pour un an et qui, depuis deux ans maintenant n’a toujours pas rendu la Constitution promise. Pour d’autres, elle devait être une journée anniversaire commémorant la tenue des premières élections libres et démocratiques dans le pays.

Finalement la journée n’aura été que déception.

D’abord parce que la mobilisation populaire n’a pas été aussi forte qu’attendue. Malgré des journées de propagande dans les médias appelant à manifester pour faire tomber ou pour soutenir le gouvernement, il n’y a pas eu de rassemblement massif.

Le fait qu’il s’agisse d’une journée de semaine n’a sans doute pas favorisé la mobilisation, mais il semble que se soit l’épuisement et la peur qui prennent le dessus. Pourtant à midi sur l’avenue Habib Bourguiba au centre ville de Tunis, l’ambiance était bonne enfant. La forte présence policière rappelait tout de même l'instabilité sécuritaire qui règne dans le pays.

Après le rassemblement sur l’avenue Bourguiba les manifestants se sont dirigés vers la place de la Kasbah, où un sit-in a été déclaré.

Des manifestants pro-gouvernement se sont eux aussi réunis en fin de journée.

En début d'après midi, le Dialogue national devait débuter et l’annonce de la démission du Premier Ministre et de son gouvernement était attendu.

La rencontre n’aura pas lieu. L’annonce de la mort de six agents des forces de l’ordre, tués lors d’affrontements avec un groupe extrémistes dans le gouvernorat de Sidi Bouzid a porté un coup d’arrêt aux activités. Le Chef de l'unité anti-terrorisme l'officier Imed Hizi, l'officier Taher Chebbi, le premier lieutenant Sokrat Charni, le premier caporal Mohamed Marzouki , le premier caporal Anis Salhi et le caporal Ridha Nasri ont trouvé la mort, hier 23 octobre 2013, lors d’échange de tirs avec des extrémistes.


Images de Nessma à l’hôpital de Sidi Bouzid le 23 octobre.

Les familles ont réagit en dénonçant la responsabilité de l’Etat, en refusant une cérémonie officielle et en interdisant la présence du Président de la République, du Premier ministre et du Président de l’Assemblée lors des funérailles.


Arrivée du corps d’un des gardes nationale tué, dans sa ville d’origine ce matin.

En solidarité avec les familles, les policiers et les militaires, un rassemblement citoyen est organisé aujourd’hui en fin de journée.

La population, excédée par la situation, commence à se mobiliser. Des mouvements de protestation ont lieu aujourd’hui dans les lycées et les universités notamment à la Manouba, banlieue de Tunis, à Carthage ou encore à Sousse. Des marches sont organisées par les jeunes étudiants et lycéens, qui veulent exprimer leur refus de la violence. Dans certaines villes du pays comme à Sidi Bouzid et au Kef les habitants s’en sont pris directement au local du parti Ennahdha.

Comme lors de la crise politique, à la suite de l’assassinat du député Mohamed Brahmi à la fin du mois de juillet dernier, l’impératif sécuritaire a permis au Premier Ministre d’effectuer une pirouette et de se positionner en gouvernant responsable. Ainsi il a annoncé qu’il ne démissionnera pas tant qu’une instance pour les élections ne sera pas en place, tant que la Constitution ne sera pas écrite, mais surtout tant que le terrorisme ne sera pas éradiqué.

Et le voilà qui appelle à une union pour l'intérêt national, lui dont le parti a trainé des pieds et a attendu d’être contraint, pour participer au Dialogue national.

Hier dans la soirée la violence ne s’arrêtait pas : à Menzel Bourguiba, ville du nord de la Tunisie, dans le gouvernorat de Bizerte, un policier trouvait la mort dans un échange de coup de feu avec des extrémistes et deux de ses collègues étaient blessés. Contrairement à Sidi Bouzid, où les forces de l’ordre poursuivent encore les assiallants, à Menzel Bourguiba des arrestations ont eu lieu.

La semaine dernière deux gardes nationaux trouvaient la mort dans des affrontements avec des extrémistes à Béja, dans le nord ouest de la Tunisie. Neuf terroristes présumés étaient abattus par les forces de l’ordre lors d’une opération militaire.

En moins d’une semaine 9 membres des forces de l’ordre et 11 présumés terroristes ont trouvé la mort en Tunisie.

Sana Sbouai

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