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La galère des balayeuses d'Abidjan

Lorsque le projet a été lancé à la fin du mois d’avril 2011, beaucoup y ont vu le signe d’un nouveau départ et d’une prospérité retrouvée, après la longue crise qu’a traversé la Côte d’Ivoire. L’opération d’assainissement baptisée «Pays propre» et lancée par les nouvelles autorités ivoiriennes devait aider à redorer le blason d’Abidjan, la capitale économique, et pourvoir de nombreux emplois.

Mais l’enthousiasme a cédé la place à la désillusion, notamment pour les «balayeuses d'Abidjan», raconte Mondoblog le 9 septembre.

Ces femmes, reconnaissables par leur blouse verte ou orange et le balai qu'elles tiennent à la main, travaillent dans des conditions pour le moins difficiles. D'abord, elles doivent acheter leur propre matériel de travail: 500 francs CFA par semaine pour l’achat de deux balais; 700 pour un cache-nez; 1.000 pour un sceau —en plus de leur blouse.

Tout cela pour un salaire qui n’excède pas 3.000 francs CFA par jour (4,57 euros). Seulement, les jours, les semaines se succèdent et les salaires se font toujours attendre, ainsi que l'explique une enquête publiée par L’intelligent d’Abidjan:

«Après trois mois de travail nous n’avons pas reçu un seul centime. Nos patrons nous disent que l’Etat n’a pas encore versé notre argent », affirme Djénébou, une de ces balayeuses.

Dans certains cas, ajoute L’Intelligent, l’on observe même jusqu’à six mois d’arriérés de salaire, sans véritable explication. D'autant que les balayeuses n’ont pratiquement aucun contact avec les responsables des sociétés privées qui les emploient. La plupart ne savent même pas qui est leur patron, à l’instar de Maférima Bamba:

«Nous avons rencontré nos responsables pour la première fois à la mairie de Cocody. Ensuite, nous nous sommes retrouvées au carrefour d’Angré-Petro-Ivoire. Franchement, nous ne savons même pas où se trouve le siège de l’entreprise qui nous emploie.»

Les sociétés en charge de l’assainissement de la ville invoquent, quant à elles, des retards de paiement de factures par le ministère de la Salubrité urbaine. Lequel ministère, dirigé par Anne Ouloto, a fait savoir qu’elle n’exerçait aucune tutelle sur ces entreprises.

Autant dire que les balayeuses d’Abidjan ne sont pas sorties de l’auberge. En attendant, certaines d’entre elles ont exprimé leur grogne lors d’une manifestation à Abidjan, fin août:

«Ce sont des voleurs. Ils nous ont fait travailler quatre mois sans salaire.
Lorsque nous venons réclamer notre argent, ils nous demandent de repasser la semaine prochaine. A chaque fois, c'est comme ça. Ce sont des voleurs»
, martelaient certaines.

Lu sur Mondoblog, L’intelligent d’Abidjan, 2i Actualités